ACCÈS AU CAPITAL – LES INVESTISSEURS MISENT SUR LES FEMMES
Mardi 16 février 2021
De plus en plus de sociétés choisissent de se financer en dehors de la bourse et des marchés publics. Marie-Ève Arsenault a rencontré des acteurs incontournables de ce processus de capitalisation.
Seulement 4 % des fonds de capital de risque sont investis dans des entreprises féminines. Mais la vapeur est en train de se renverser. Les réseaux d’investisseurs sont de plus en plus nombreux à reconnaître la valeur ajoutée de la diversité et à accélérer leurs efforts pour favoriser l’accès des femmes au capital.
Parmi eux, Anges Québec, le plus grand réseau d'investisseurs au Canada. L’an dernier, ce réseau de 230 anges investisseurs a analysé plus de 400 occasions d’affaires. Le processus a donné lieu à 50 investissements qui totalisent 20 millions de dollars. Bien que les entreprises à propriété féminine ne représentent que 5 % de ce total, Anges Québec espère atteindre 10 % d’ici la prochaine année.
Pour réaliser ses objectifs, Anges Québec a d’abord procédé à des changements dans son ADN. En novembre dernier, il a promu pour la toute première fois une femme à sa présidence-direction générale, Geneviève Tanguay.
« Je pense que c’est le symbole d’un vent de changement qui s’y opère, déclare la quarantenaire. Encore peu de femmes dirigent des fonds d’investissement au Québec, mais ça commence à changer. »
« Encore peu de femmes dirigent des fonds d’investissement au Québec, mais ça commence à changer. »
- Geneviève Tanguay, présidente-directrice générale de Anges Québec
Le conseil d’administration commence lui aussi à changer de visage, avec une présidente à sa tête et 20 % de femmes sur les sièges.
Par ailleurs, alors que seulement 2 % des entreprises du secteur de l’intelligence artificielle sont dirigées et fondées par des femmes, Anges Québec se dit fier d’avoir investi dans la solution de protection de données MIMS, fondée par Sarah Jenna, et dans l’outil de télémédecine AIFred, fondé par Marina Massingham.
Mais d’après la femme d’affaires torontoise Elaine Kunda, l’existence d’un fonds qui s’adresse spécifiquement aux femmes est capitale pour casser le moule. Elaine Kunda travaille avec la Banque Scotia depuis plusieurs années vers cet objectif.
Disruption Venture — le seul fonds de capital de risque géré par des femmes et pour des femmes, est en voie d’atteindre un financement de 30 millions de dollars d’ici la fin de 2021. La Banque Scotia a annoncé une collaboration avec l’entrepreneure dans le cadre de son Initiative Femme en mars 2019.
« Nous sommes à 16 millions en ce moment », indique Elaine Kunda, qui a fondé Disruption Venture en 2018.
D’après la femme d’affaires torontoise Elaine Kunda, qui est derrière Disruption Venture, l’existence d’un fonds qui s’adresse spécifiquement aux femmes est capitale pour casser le moule.
Si tout va comme prévu, jusqu’à 12 entreprises à propriété féminine au stade de démarrage pourraient profiter d’un coup de pouce au cours des prochains mois.
La femme d’affaires précise qu’elle a un faible pour les entreprises utiles à la société. Elle a récemment jeté son dévolu sur une plateforme en ligne d’évaluation de l’accessibilité des produits numériques, nommée Fable. « C’est une belle histoire de réussite, affirme Elaine Kunda. Avec la COVID, les transactions s’effectuent de plus en plus souvent en ligne et les sites Web ne sont pas toujours adaptés. Fable a réussi à conclure des ententes avec des entreprises comme Walmart et Indeed. »