Manon Brouillette poursuit son ascension chez Verizon
Mardi 7 septembre 2021
Fin 2020, après 15 ans à la tête de Vidéotron, Manon Brouillette s’est «lancée dans le vide». Deux ans et demi plus tard, elle raconte le parcours qui l’a amenée jusqu’à Verizon, aux États-Unis, à titre de numéro 2 de l’une des plus importantes sociétés de télécommunications au monde.
Marie-Ève Arsenault
L’ex-PDG de Vidéotron, Manon Brouillette, a pris les commandes de la division consommateurs du géant américain Verizon à la mi-juillet. Son mandat: simplifier les opérations de cette multinationale de plus de 135 000 employés et superviser le développement de la technologie 5G.
«Je n’ai plus le vertige maintenant, mais je vois par contre l’ampleur de la tâche», avoue-t-elle d’emblée, à l’occasion d’une entrevue depuis le siège social de l’entreprise dans le New Jersey via BlueJeans, l’outil de visioconférence de Verizon.
L’ampleur du travail se mesure notamment à la part des revenus annuels de la division, qui représentent 70% du chiffre d’affaires de la société et qui s’élèvent à près de 90 milliards de dollars américains.
«Quand on est dans une grande organisation avec beaucoup de moyens, on a tendance à vouloir saisir toutes les opportunités. Il s’agit donc d’être capable de déceler, ce que j’aime appeler “les grosses roches”. Quelles sont les grosses roches qui vont avoir des répercussions?»
Pour arriver à cerner les grands chantiers devant elle, Manon Brouillette compte s’appuyer sur son expérience chez Vidéotron, mais aussi sur les apprentissages qu’elle aura tirés durant les deux années et demie qui ont précédé son embauche chez Verizon à l’été 2021.
«Quand j’ai quitté Vidéotron, tout le monde se demandait pourquoi. Et il n’y avait pas de raison précise. Je voulais vivre autre chose. Je me disais que si je ne me lançais pas dans le vide, si je ne créais pas de l’espace, je ne pourrais pas accueillir quelque chose de nouveau», raconte-t-elle.
«Si tu veux accueillir de nouvelles choses dans ta vie, il faut faire de l’espace, il ne faut pas avoir peur de prendre des risques et de se lancer dans le vide.»
- Manon Brouillette, cheffe de l’exploitation et directrice générale adjointe de la division consommateurs de Verizon
La femme d’affaires dit avoir profité de cette période tampon pour prendre de l’assurance en anglais, se perfectionner en finances et étendre son réseau à l’international.
«Ça veut dire que lorsque tu as des invitations, un café, un videocall, tu y vas, tu dis oui, tu te fais violence même si ça ne te tente pas. Et c’est comme ça que tu rencontres une personne qui te présente à une autre, et là, tu déploies ton réseau», insiste-t-elle.
«J’ai vraiment développé d’autres muscles et aujourd’hui j’arrive ici encore plus forte», résume celle qui s’est hissée à deux reprises au palmarès du Réseau des femmes exécutives parmi les personnalités les plus influentes du Canada, en 2014 et en 2016.
Aujourd’hui, bien installée au siège social de Verizon après un accueil «exceptionnel», Manon Brouillette fait face aux défis inhérents à toutes les nouvelles étapes de carrière: «Quand tu arrives quelque part, il faut que tu rebâtisses ton cercle d’influence, ton cercle de confiance, que te rendes compte des alliances politiques, mais ça, ce n’est pas seulement ici, c’est partout où on commence un nouveau travail. Ça faisait 15 ans que j’étais chez Vidéotron, tout le monde me connaissait, et là, c’est un nouveau départ. Ça fait partie de cette intégration et ça fait partie de la vie professionnelle.»
«Je suis une Canadienne, je vais rentrer chez moi au Québec. Mon ambition, après ma carrière ici, c’est bien sûr de faire profiter aux entreprises du Québec et du Canada de tout mon apprentissage.»
- Manon Brouillette, cheffe de l’exploitation et directrice générale adjointe de la division consommateurs de Verizon
Toujours membre des conseils d’administration de la Banque Nationale et de Sonder – une entreprise américaine fondée par un Canadien et qui a des visées à Montréal –, Manon Brouillette assure «qu’on va la voir à Montréal régulièrement». «Je suis une Canadienne, je vais rentrer chez moi au Québec. Mon ambition, après ma carrière ici, c’est bien sûr de faire profiter aux entreprises du Québec et du Canada de tout mon apprentissage. Parce qu’avant toute chose, c’est de là que je viens, je n’oublie pas mes racines.»
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