Marie Elaine Farley a le sens des priorités

Croissance, confiance, ventes : tous les indicateurs sont au beau fixe. Marie Elaine Farley passe le flambeau à la tête du conseil d’administration de BIXI avec le sentiment du devoir accompli. Marie Grégoire discute avec la présidente et chef de la direction de la Chambre de la sécurité financière des priorités collectives qui se dégagent de la pandémie.


 

C’est une période critique pour la sécurité financière. Quel a été le rôle de la Chambre face à la pandémie?

Marie Elaine Farley est présidente et chef de la direction de la Chambre de la sécurité financière. Cet organisme agit sous la supervision de l’Autorité des marchés financiers comme un ordre professionnel pour baliser les relations du public avec se…

Marie Elaine Farley est présidente et chef de la direction de la Chambre de la sécurité financière. Cet organisme agit sous la supervision de l’Autorité des marchés financiers comme un ordre professionnel pour baliser les relations du public avec ses membres, 32 000 conseillers financiers qui exercent au Québec.

Dans cette situation sans précédent, ce n’est pas seulement le gouvernement qui doit agir. Tout le monde doit collaborer. Avec mon équipe, on s’est organisés pour aider les 32 000 membres de la Chambre qui sont au front auprès du public qu’ils servent, soit les épargnants et les investisseurs.

« Le taux de chômage est à 14 %, ce qui est un record depuis 1982. De plus, 55 % des ménages ont subi une diminution de leurs revenus en avril cette année. Chacun se pose la question des retraites et des finances personnelles de manière plus immédiate. » - Marie Elaine Farley

 

Les membres ont été débordés de questions par rapport aux finances personnelles des clients. La crise a suscité une prise de conscience collective face à nos modes de vie et à nos finances. Le taux de chômage est à 14 %, ce qui est un record depuis 1982. De plus, 55 % des ménages ont subi une diminution de leurs revenus en avril cette année. Chacun se pose la question des retraites et des finances personnelles de manière plus immédiate. C’est devenu prioritaire.

Les conseillers financiers ont des obligations déontologiques de voir au meilleur intérêt des clients. Comment faire dans un contexte de marché qui est tellement volatile? On a voulu donner les outils aux professionnels. La chambre a aussi pris parole dans certains forums publics pour dire aux consommateurs de ne pas céder à la panique. Oui, le marché baisse, mais la période est volatile. C’est le moment de faire le point sur notre situation financière et nos objectifs, mais aussi d’agir avec prudence.

Travailler à distance, c’est possible?  

Pour nous aussi, ça a été un défi, comme pour toutes les autres entreprises. Avec la confiance et les moyens techniques, les gens se sont sentis responsables. Il faut laisser la place à l’intelligence collective de nos employés qui s’organisent pour faire leur travail. En tant que leader, il faut donner confiance, soutenir avec des moyens techniques et laisser place à l’ajustement dans un état d’esprit constructif. Tout est perfectible mais on doit évoluer ensemble. 

« En tant que leader, il faut donner confiance, soutenir avec des moyens techniques et laisser place à l’ajustement dans un état d’esprit constructif. Tout est perfectible mais on doit évoluer ensemble. » - Marie Elaine Farley

Maintenir la confiance, c’est aussi ça le rôle de la Chambre?

La confiance est à la base de tout et c’est d’autant plus important dans le secteur financier. Les épargnants achètent un produit car ils ont confiance en leur conseiller. C’est notre rôle de maintenir cette confiance en donnant à ces professionnels les connaissances les plus actuelles pour bien servir le public. Faire connaître les attentes que le public doit avoir envers les conseillers est tout aussi primordial. Un conseiller ou une conseillère peut perdre son permis s’il ou elle n’est pas à la hauteur de ses responsabilités déontologiques. Avec les banques et l’Autorité des marchés financiers, on donne les éléments de cette confiance. Chacun a un rôle à jouer. L’approche équilibrée entre tous ces acteurs du marché financier fait toute la différence.


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Les femmes sont majoritaires dans votre comité de gestion : est-ce que ça change la façon de prendre des décisions?

Certainement! Le secteur de la finance est encore majoritairement masculin. La diversité donne de meilleurs résultats, c’est prouvé. On l’a vu avec la crise de 2008. Les entreprises qui s’en sont le mieux sorties travaillaient avec des équipes qui font place à la diversité. Ça apporte un équilibre dans les décisions. Les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes perspectives. Ces deux points de vue ensemble donnent une meilleure évaluation de la situation. On prend en compte globalement tous les facteurs. Ça ouvre les horizons et il y a moins d’angles morts.

La crise économique donne l’occasion de repenser la croissance. Quelles sont les priorités pour bâtir ce nouvel avenir?

La crise nous donne une occasion de redresser l’économie en tenant compte des enjeux à venir pour la nouvelle génération. Il faut penser à la prospérité pour la collectivité, pas seulement aux rendements à court terme. Je dis oui au local, mais le marché est mondialisé. On ne peut vivre en vase clos même si on est confinés dans nos pays et dans nos régions. La crise est mondiale, on doit travailler ensemble.

D’un point de vue collectif, on a gagné, avec la crise, en flexibilité et en agilité. C’est le moment ou jamais de changer les choses. Je pense notamment à la télémédecine, une mesure qui va soutenir le désengorgement des urgences. On a réussi bien des choses avec la « méthode agile »; il faut garder ce réflexe.


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