Routines de beauté : la rançon de la gloire
Analyser les tendances dans l’industrie de la beauté peut sembler un peu dérisoire par les temps qui courent. Quand il est question de vie ou de mort, l’apparence apparaît comme un enjeu superficiel. Il y aura cependant un retour éventuel à une certaine normalité. Après des semaines de confinement durant lesquelles on a passé, chez soi, des jours et des jours sans se soucier de notre habillement ou de l’aspect de nos cheveux, les envies de relooking ne disparaissent pas pour autant. La situation économique, les penchants pour des achats responsables, et même une réflexion sur l’essentiel vont avoir des effets sur certains profils de consommation.
« Le concept de “grooming gap” fait référence aux frais supplémentaires que les femmes auraient à encourir pour réussir leur carrière. »
Avant la pandémie, plusieurs études analysaient les effets de l’apparence sur l’ascension sociale ou la carrière des femmes. Si on a conseillé à l’ancienne première ministre Pauline Marois, qui a dirigé le Québec entre 2012 et 2014, de ranger ses foulards griffés et tailleurs colorés pour se rapprocher de son électorat en portant du noir, les signes extérieurs de richesse ou de bon goût vestimentaire sont loin d’être des attributs rédhibitoires dans le monde des affaires.
Selon le Daily Mail, une femme en Grande-Bretagne dépense, en moyenne, l’équivalent de 22 000 $ au cours de sa vie active en produits de beauté, un montant qui peut se comparer à une mise de fonds pour un premier achat immobilier. Ces dépenses réservées aux femmes ont interpellé certains chercheurs américains et fait apparaître le concept de « grooming gap », qui fait référence aux frais supplémentaires que les femmes auraient à encourir pour réussir leur carrière. Il ne s’agit pas, selon les témoignages et les éléments de mesures rapportés, de pressions extérieures, mais plutôt d’un sentiment de confiance qu’éprouvent certaines femmes lorsqu’elles arborent les signes extérieurs de la réussite professionnelle.
« Grooming gap » et confinement
Depuis le 13 mars, comme c’est le cas ailleurs dans le monde, l’économie du Québec est en hibernation. Quand le budget beauté fond comme neige au soleil, les réseaux sociaux montrent une autre réalité. On s’habitue alors à apercevoir les femmes moins maquillées, moins apprêtées et au naturel, chez elles. Si la pression retombe, on se dit aussi « vivement le retour des beaux jours » pour retrouver le plaisir de soigner son apparence à bon escient. •
TROIS PERSONNALITÉS ont accepté de révéler les budgets de leurs routines de beauté pour Premières en affaires.
Marie Grégoire dépense environ 120 $ pour une couleur et mise en plis chaque deux mois. Elle fait confiance au salon La Rousse pour un balayage très léger une fois par année, qui coûte en moyenne 180 à 200 $. Elle prend soin de ses ongles à la maison et s’offre une manucure / pédicure en période de vacances. Elle consomme des crèmes disponibles en pharmacie. Pour ce qui est du maquillage, Marie, qui est habituellement en ondes à RDI quatre jours par semaine, a apprivoisé les outils offerts pour éclairer le visage des femmes. Elle a maintenant une trousse de base principalement constituée de produits MAC. Elle s’habille surtout chez COS et achète des manteaux québécois.
Marie France Bazzo se fait coiffer toutes les deux semaines et dépense 100 $ par mise en plis. Tous les deux mois, elle rafraîchit ses mèches chez Local B avec une coiffeuse attitrée, pour une somme de 400 $. Marie-France s’occupe de ses ongles à la maison et consomme à cet effet les produits disponibles dans les enseignes habituelles (un vernis à ongles coûte aujourd’hui entre 9 à 14 $ chez Pharmaprix ou Jean Coutu). Elle a choisi de ne pas opter pour la chirurgie esthétique. Pour prendre soin de son apparence, elle investit environ 6 000 $ par année dans des crèmes Sisley, avec une routine composée d’une dizaine de produits, surtout dans les moments où le rythme de vie permet de s’accorder du temps. Elle sait se maquiller elle-même et opte pour les marques comme Chanel et Guerlain. Son budget maquillage et parfums varie entre 1 000 et 2 000 $ par année. Durant le confinement, elle conserve fond de teint, poudre et rouge à lèvres pour toutes les rencontres virtuelles avec ses collègues.
Caroline Codsi avait pour habitude de parler en public une à deux fois par semaine et se faisait coiffer à cette occasion, au prix de 45 $ pour un brushing au salon Industria de la Place Alexis Nihon. Pour entretenir ses cheveux bouclés, elle fait un traitement à la kératine au prix de 120 $ deux fois par année, ce qui lui permet de réaliser des brushings par elle-même avec plus de facilité, surtout quand elle doit se rendre à des événements après un trajet en avion. Elle rafraîchit sa couleur toutes les 6 semaines au prix de 180 $, mais choisit de ne pas rester fidèle à la même coiffeuse, ce qui n’altère pas la qualité attendue de ces soins. Caroline dépense 250 $ tous les trois mois pour des crèmes et sérums et a eu recours à l’épilation laser il y a une quinzaine d’années. Le coût de l’opération s’est élevé à plusieurs milliers de dollars. En temps normal, elle fait faire ses ongles au biogel toutes les deux semaines au coût de 45 $. Côté maquillage, elle opte pour des marques comme Lancôme et Lise Watier, mais ne confie pas son visage aux expertes des plateaux télé pour arborer son image habituelle en ondes.