Visite de Joe Biden au Canada: le décodage de Catherine Loubier
14 mars 2023 - Le président des États-Unis, Joe Biden, sera en visite au Canada la semaine prochaine pour rencontrer Justin Trudeau. C’est la première fois depuis l’élection américaine et la défaite de Donald Trump, il y a bientôt trois ans, en novembre 2020. Marc-André Leclerc, analyste politique pour E-Premières et Premières en affaires, a rencontré Catherine Loubier pour décoder la visite.
Ballons-espions, guerre en Ukraine, échanges commerciaux, changements climatiques, chemin Roxham : les sujets de conversation diplomatique ne manquent pas tandis que l’incertitude s’installe sur la scène internationale.
Catherine Loubier a été déléguée générale du Québec à New York. En 2021, pendant son mandat, Hydro-Québec a signé un important contrat et est devenue le fournisseur d’énergie propre dans l’État de New York pour une durée de 25 ans. Catherine Loubier a aussi été conseillère politique au bureau de l’ancien premier ministre du Canada, Stephen Harper. Elle a participé à l’organisation de la première visite du président Obama au Canada en 2009.
Le président des États-Unis, Joe Biden, sera en visite au Canada la semaine prochaine : « Une visite présidentielle ne s’organise pas sur un coin de table. » - Catherine Loubier
Tous les détails de la visite du président américain de la semaine prochaine ne sont pas encore connus, mais on sait qu’il va s’adresser à la Chambre des communes comme l’avait fait Barak Obama en juin 2016. « Une visite présidentielle ne s’organise pas sur un coin de table. Ça fait déjà plusieurs semaines que les deux pays se parlent pour planifier tout ça. Ça représente un travail de préparation d’envergure. Une préparation de longue haleine, car les deux pays savent que cette visite-là allait arriver un jour étant donné que M. Biden est élu depuis deux ans », analyse Catherine Loubier à la lumière de son expérience.
Au cours des dernières semaines, les équipes des présidents Biden et Trudeau ont dû s’entendre sur les sujets à aborder ensemble. « C’est comme dans n’importe quelle négociation. En bâtissant l’ordre du jour, il y a parfois des dossiers ou des questions qui se règlent. Par exemple, si tu ne veux pas que la visite soit monopolisée par un sujet qui fait la une des nouvelles, tu peux annoncer dès le début de la visite que tu vas mettre un plan d’action en place pour le régler », commente la diplomate qui connaît bien ces rouages.
Composition de la délégation américaine : « Il y a de mise en scène dans tout ça, » reconnaît Catherine Loubier.
Destinations et protagonistes : une géométrie complexe
En plus des sujets, les discussions relatives à l’organisation de la visite portent sur les lieux où se rendra le président Biden. « Plusieurs questions ont été soulevées par l’équipe canadienne. Par exemple, est-ce qu’on va visiter une, deux ou trois provinces ? Où va se rendre Joe Biden en marge de sa rencontre avec Justin Trudeau ? Est-ce qu’il y aura des interactions avec les Premières Nations ? Toutes ces bonnes questions surgissent rapidement au moment de bâtir l’itinéraire », précise Catherine Loubier, qui est membre du conseil d’administration du Canadian American Business Council.
La composition de la délégation américaine n’est pas laissée au hasard : « Il y a de la mise en scène dans tout ça, reconnaît Catherine Loubier. Si une rencontre élargie se tient, quels ou quelles ministres, secrétaires d’État ou membres du Congrès seront assis autour de la table et quel sera l’ordre du jour ? Il y a énormément de chantiers de travail. »
Moins de frénésie
Lorsqu’elle repense à la première visite de Barack Obama en 2009 et à celle que Joe Biden va faire la semaine prochaine, l’ancienne conseillère de Stephen Harper note une différence d’engouement. « J’ai participé à l’organisation de la première visite du président Obama au Canada. Cette rencontre avait créé tout un émoi. Le président Obama était très populaire aux États-Unis, mais également au Canada. C’était une personne qui était extrêmement populaire quand il a été élu et il avait choisi Ottawa comme première visite internationale. On ne sent pas cette frénésie présentement avec la venue de M. Biden. »