AÉROPORTS DE FEMMES > DE LA HAUTE VOLTIGE

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ANNIE BOURQUE

« Elles sont une dizaine de gestionnaires d’expérience qui s’illustrent par leurs compétences. Elles ne sont plus des exceptions », observe Romain Girard, directeur général du Réseau québécois des aéroports (RQA). En exemple, il cite Anne Morin, directrice de l’aéroport de Saint-Georges de Beauce qui a accédé en septembre dernier à la présidence du RQA.

Anne Morin > YSG Saint-Georges de Beauce > Un outil pour l’économie

À l’été de ses 18 ans, Anne obtient un premier emploi comme serveuse au restaurant de l’aéroport de Saint-Georges de Beauce. Elle y croise son père, Jean-Pierre, un entrepreneur qui pilote notamment un Piper Navajo. La proximité des pistes d’aviation l’a toujours fascinée. Aujourd’hui, l’aérodrome beauceron reçoit 4000 vols par année dont 40 % proviennent de voyages d’affaires. « Je coordonne les vols aériens, le déneigement, l’entretien des pistes. C’est un travail de rigueur, réalisé en équipe », explique cette ancienne chargée de projet d’une entreprise de construction qui a été embauchée par la compagnie d’aviation CMP, en 2008.

En 2017, la municipalité de Saint-Georges de Beauce a injecté 1,2 M$ dans la réfection de la piste d’atterrissage. L’été, le public assiste, comme à un spectacle, à des festivals aériens, mais aussi à des vols d’entraînement d’écoles de pilotage des environs et à des exercices des Forces armées canadiennes. « La Beauce est une pouponnière d’entreprises. Cet aéroport représente aussi une porte d’entrée pour nos industries », précise Anne Morin.

 Les entrepreneurs apprécient la proximité des avions. « On transporte par exemple des techniciens par avion qui vont réparer des scieries à l’extérieur du Québec. » Anne Morin souhaite faire connaître la raison d’être du développement aéroportuaire : « Les infrastructures sont vieillissantes ; beaucoup de municipalités ne voient pas assez leur aéroport comme un outil de développement », déplore-t-elle.

Carole Duval > YYY Mont-Joli >Des liaisons aériennes pour améliorer les affaires

 Dans le Bas-Saint-Laurent, l’aéroport de Mont-Joli a été acquis par un regroupement de municipalités en 2005. La directrice de la Régie intermunicipale de l’aéroport régional de Mont-Joli, Carole Duval, a fait preuve de patience pour arriver à ses fins. « En région, il n’y a jamais rien qui tombe du ciel. » .

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Après de nombreuses pressions à Ottawa et à Québec, l’organisme a reçu en 2016 les subventions pour rénover la piste de 6000 pieds. « Depuis 2017, on accueille les Boeing 737 qui permettent à des gens d’ici d’aller dans le Sud l’hiver et d’éviter des trajets de six heures de route pour se rendre aux aéroports de Montréal ou de Québec. » L’an dernier, les vols de Sunwing, d’une capacité de 189 passagers, étaient presque tous remplis. Le transporteur aérien a décidé de prolonger ses vols vers le Mexique et la République dominicaine jusqu’à la fin avril 2019. L’agrandissement de la piste permet aussi de recevoir l’avion du premier ministre, le Challenger.

L’aéroport de Mont-Joli propose aussi une multitude de vols entre les régions du Québec, dont Montréal, Saint-Hubert, Wabush, etc. Ces liaisons aériennes permettent de répondre aux besoins des minières du Nord tout en tissant des liens d’affaires entre les localités. Depuis 2016, l’achalandage est en hausse de 35 %. « On note de nombreux vols pour Anticosti, de fin août à décembre. On y vient pour la chasse et la pêche », raconte Carole Duval, qui, à 65 ans, s’apprête à prendre sa retraite, le cœur en paix. « Au départ, on souhaitait que notre aéroport devienne un instrument de développement économique… ». Mission accomplie.

Les aéroports de Val-D’Or et de Rouyn-Noranda, dirigés par des femmes, se sont inspirés de l’exemple de Mont-Joli. Ces aéroports proposent désormais, eux aussi, des lignes aériennes vers les autres régions du Québec. 

 « En région, il n’y a jamais rien qui tombe du ciel. » -Carole Duval, aéroport de Mont-Joli

Marie-Joëlle Turcotte > YTF Alma > Des drones pour les secteurs de pointe  

Originaire d’Alma, Marie-Joëlle Turcotte a entrepris des études en sciences politiques à l’Université Laval et, par la suite, une maîtrise en administration à l’ENAP à Montréal. De retour dans sa région, la jeune femme a accepté un poste comme agent de communication à l’aéroport d’Alma. « J’étais partie depuis 10 ans et j’avais envie de revoir ma famille, mes amis », raconte-t-elle.

Les promotions s’enchaînent pour cette jeune professionnelle, jusqu’à l’obtention du poste de coordonnatrice aux opérations de l’aéroport d’Alma, en 2017. Avec son équipe, elle supervise les 1200 mouvements aériens par année. Des vols s’effectuent vers Montréal, Saint-Hubert, Wabush, le Nunavut, etc.

« On se démarque surtout par la présence de notre Centre d’excellence sur les drones qui est utilisé pour des tests de vols et pour la formation aux pilotes ou aux opérateurs. » Des entreprises en agriculture, en aéronautique, en géomatique et même des manufacturières utilisent sur place à Alma les services des drones, un secteur en plein essor. « Les horizons sont ouverts : d’ici cinq ans, on va embaucher une douzaine de personnes », conclut Marie-Joëlle Turcotte. 

Jane Foyle > YHU Saint-Hubert > Desservir la Rive-Sud

La directrice de l’aéroport de Saint-Hubert à Longueuil, Jane Foyle, a toujours travaillé pendant ses études. À 45 ans, elle a entrepris une maîtrise en aérospatiale à l’université Embry-Riddle Aeronautical aux États-Unis.

 Directrice des opérations à l’aéroport d’Ottawa, elle a aussi offert ses services-conseils aux aéroports de Yangon, au Myanmar, de Seattle, aux États-Unis, et de Jeddah, en Arabie saoudite. En mars 2018, Jane Foyle devient directrice de DASH-L, organisme à but non lucratif qui s’occupe de la gestion de l’aéroport de Saint-Hubert situé à Longueuil.

 « On veut proposer des vols vers le Sud, mais aussi devenir une plaque tournante pour les lignes régionales vers Mont-Joli, Gaspé, Alma, etc. », dit-elle. La Rive-Sud de Montréal compte un bassin de 2,8 millions de résidants. « Il faut offrir des vols domestiques vers Toronto et répondre à la forte demande du milieu des affaires. » En août dernier, l’aéroport de Saint-Hubert a accueilli un premier Boeing 737 sur sa nouvelle piste rénovée au coût de 17 M$. En attendant la construction de l’aérogare, Jane Foyle et son équipe souhaitent faire fonctionner un terminal temporaire qui pourrait accueillir les lignes aériennes. Déjà, la compagnie à rabais Jetlines a manifesté son intérêt pour des vols à destination de Toronto.

YHU-YYZ  >>> Jetlines a manifesté son intérêt pour des vols en partance de l’aéroport de Saint-Hubert pour Toronto.

Isabel Proulx > YTM Mont Tremblant > Vacances de stars

 En 2001, la piste d’une ancienne base militaire située à La Macaza est pratiquement laissée à l’abandon. L’homme d’affaires Serge Larivière rêve d’imiter la station de ski de Whistler dans l’Ouest canadien et d’implanter un aéroport à proximité de cette majestueuse montagne à Tremblant.

Près de 20 ans plus tard, ce visionnaire a réussi son pari. « Le plus difficile a été de convaincre les autorités de croire en nous. Notre plan d’affaires était axé sur la viabilité du tourisme », explique Isabel Proulx, comptable agréée de formation, qui dirige l’aéroport international de Mont-Tremblant, depuis 2001. Aujourd’hui, les célébrités comme Michael Douglas, arrivent ici en jet privé. « On accueille aussi des avions d’Air Canada et de Porter Airlines, avec des passagers qui viennent passer le week-end chez nous. »

 Isabel Proulx souhaite qu’un jour les Québécois et les touristes de l’étranger puissent profiter d’un réseau aéroportuaire mieux développé. « On pourrait tellement développer le tourisme aux Îles-de-la-Madeleine, à Charlevoix, ou à Alma, qui sont aussi des endroits paradisiaques. Je ne comprends pas que les gens y aillent en autobus alors que ce serait tellement plus simple en avion. » Déjà, les prix commencent à diminuer. Le gouvernement et le public ont exercé des pressions sur le transporteur qui détient le monopole dans les régions du Québec. Un premier pas dans la bonne direction.