Élections fédérales: Annamie Paul assume ses convictions
Mardi 7 septembre 2021
À l’aube de la cinquantaine, Annamie Paul brigue le mandat de Toronto-Centre après avoir fait l’objet de controverses au cours des derniers mois. Première femme racisée et leader de confession juive à diriger un parti fédéral, la cheffe du Parti vert du Canada assume ses convictions. Changements climatiques, diversité et filet social: voilà les thèmes qui inspirent son engagement politique.
Lara Émond
Le jour du vote approche. Comment pouvez-vous résumer la plateforme du Parti vert?
Le premier pilier de la plateforme est un avenir vert. C’est nécessaire pour accélérer les progrès vers une économie à émission zéro, voire négative. Nous savons qu’il reste très peu de temps; les changements climatiques se manifestent déjà et les effets seront dramatiques. Il est impératif d’investir dans une relance verte, d’autant plus que c’est là où se trouvent les emplois d’avenir et que c’est ce qui nous permettra d’assurer le succès économique du Canada.
Le deuxième pilier est de nous assurer que tous puissent vivre leur vie dans la dignité, de leur premier à leur dernier jour. Ça se traduit par des politiques telles que le revenu minimum garanti, des logements abordables et la décriminalisation des drogues. Notre objectif est de pouvoir offrir un filet social intégral aux Canadiens.
Le troisième pilier est celui de la justice. On veut saisir l’occasion et changer le cours de notre histoire. Tout le monde doit pouvoir vivre en sécurité en étant fier de son identité. Cela touche à des thèmes comme la réconciliation, le racisme et les systèmes discriminatoires. La réconciliation avec les Premières Nations est loin d’être achevée puisque chaque fois qu’il y a conflit entre les intérêts d’un parti et celui des Autochtones, ces derniers perdent. On le voit entre autres sur la Côte-Ouest avec les pêcheurs et dans les Prairies avec les projets de pipelines.
Vous êtes la première femme racisée et leader de confession juive à être élue à la tête d’un grand parti politique au Canada. À quels défis êtes vous confrontée ?
Ce poste est un réel honneur pour moi, même si je trouve ça dommage qu’en 2021 je représente autant de «premières». Nous avons un pays très diversifié qui regorge de talent; or, il y a encore beaucoup de barrières qui existent. Autrement, nous aurions eu beaucoup plus de femmes, de personnes racisées dans des postes de leadership. Plusieurs partis n’ont jamais eu de femme ou de personne racisée à la tête de leur formation. Les défis sont multiples, ne serait-ce que l’accès aux ressources nécessaires pour monter des campagnes gagnantes.
«Plusieurs partis n’ont jamais eu de femme ou de personne racisée à la tête de leur formation. Les défis sont multiples, ne serait-ce que l’accès aux ressources nécessaires pour monter des campagnes gagnantes.» - Annamie Paul, cheffe du Parti vert du Canada
Je suis consciente qu’au-delà de mon rôle, je représente un symbole. Quand une femme ou une personne racisée a accès à des postes d’importance, ça donne espoir aux gens qui sont capables de se projeter, qui se voient représentés, pour une première fois, dans ce système. Si je réussis, c’est nous tous qui réussirons.
Pourquoi avez-vous choisi la politique et pourquoi vous présentez-vous dans un bastion libéral, Toronto-Centre?
Je me suis lancée en politique et j’ai choisi cette vie, qui est très dure, pour avoir un effet positif sur les communautés. La réalité, c’est que la politique n’offre pas un environnement accueillant, ni inclusif ni accessible. Au contraire, c’est plutôt toxique. Puis, ma famille, mes deux enfants et mon mari, me manquent. Peu de gens réalisent l’énorme sacrifice que la politique requiert pour les familles. Cela dit, je suis ici parce que je sais qu’il y a encore beaucoup de questions capitales à aborder, comme la lutte contre les changements climatiques.
«Ma famille, mes deux enfants et mon mari, me manquent. Peu de gens réalisent l’énorme sacrifice que la politique requiert pour les familles.» - Annamie Paul, cheffe du Parti vert du Canada
Je me présente dans Toronto-Centre pour des raisons émotives et pratiques. Du côté émotif, le Parti vert croit que c’est important que les candidats soient connectés avec les communautés qu’ils cherchent à représenter. Je suis née dans Toronto-Centre, ma mère et ma grand-mère y ont entrepris leur carrière. J’y ai commencé mon travail après mes études. Les gens sont très généreux et soutiennent leurs voisins. Je connais la communauté, leurs besoins et je veux les représenter.
EN BREF Avocate de formation, Annamie Paul a fondé et dirigé, de 2001 à 2005, le Centre canadien pour le leadership politique dont l’objectif est d’aider les femmes, les Autochtones et les personnes de couleur à occuper des postes dans la fonction publique. Elle a aussi cofondé le Barcelona International Public Policy Hub (BIPP HUB) et mis sur pied la Bourse 1834, qui vise à former de jeunes leaders politiques noirs canadiens. Elle a également occupé des postes clés à la mission du Canada auprès de l’Union européenne et au bureau du procureur au Tribunal pénal international.
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