Diversité : un mot pour mille et une réalités
Mardi 15 juin 2021
Diversité : un mot pour mille et une réalités
Le respect et la promotion de la diversité est à la une tandis que les Québécois revisitent leur histoire collective à la lumière de l’actualité. Nous avons posé trois questions à Isabelle Massé pour cerner les enjeux du vivre ensemble alors que les réseaux sociaux sont le théâtre de toutes les polarisations.
Déborah Levy
Avez-vous souffert de discrimination au travail?
Quand j’étais jeune, je me sentais différente. Dans ma vie professionnelle, ça a plutôt été avantageux quand il était question de ma différence. On me confiait certains sujets parce que j’avais le recul nécessaire pour les couvrir. Avec l’affaire George Floyd, tout a changé. La perspective n’est plus la même dans les yeux de tout le monde. Je suis maintenant catégorisée comme une femme issue de la diversité.
DIVERSITÉ « Tout va très vite, il y a des coups d’éclat. Mais on a aussi besoin de mesures réfléchies. Aucun bon geste n’est superflu. » - Isabelle Massé
L’intérêt pour la diversité dans les médias, est-ce nouveau? Au-delà de l’effet marketing, on peut se demander s’il y a une vraie prise de conscience.
On se pose ces questions aussi à la rédaction. Tout va très vite, il y a des coups d’éclat. Mais on a aussi besoin de mesures réfléchies. Aucun bon geste n’est superflu. Je pense qu’il faut prendre ce qui passe car c’est déjà un début. C’est un levier qu’il faut accepter. J’aime beaucoup ce que dit Caroline Codsi, de Gouvernance au féminin, sur le sujet : « si on ne fait rien pour la diversité, on n’a que des excuses ». Même si les quotas sont des mesures artificielles à adopter, ça peut faire changer les choses. On jugera après.
Je couvre les sujets du cahier affaires depuis onze ans à La Presse. On a toujours cherché à représenter la diversité dans tous les sens du terme : femmes, hommes, jeunes, vieux, amérindiens, asiatiques. On cherche à faire résonner les voix de tous ceux qui constituent le tissu social de la province. C’est devenu une vocation, une mission sociale. Maintenant, cette orientation est plus claire. Il faut montrer d’autres réalités et d’autres visages. On ne peut plus juste être un homme blanc de 55 ans et plus pour faire les nouvelles.
Est-ce que l’inclusion est utile pour éviter la polarisation?
À Montréal, le mélange existe déjà. Au travail, les avantages à mélanger tous les milieux, les âges et les genres ont été documentés et ce sont de nouvelles exigences pour rendre les entreprises plus performantes. Il y a un certain consensus intellectuel, même si la polarisation est très forte sur Twitter. Il faut quand même prendre du recul, car les usagers de cette plateforme représentent une minorité de la population, et dans cette minorité, un petit nombre d’individus font beaucoup de bruit. Je pense que les entreprises seront les précurseurs de la mixité. À terme, l’inclusion va être une réalité et les susceptibilités vont se résorber.
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