Économie: la pression monte

 

17 janvier 2023 - Un brocoli qui coûte 6 $ ? Un morceau de parmesan à 17 $ ? Le prix des aliments vendus à l’épicerie a augmenté de 11 % en moyenne. Les paiements hypothécaires gonflent, les logements sont inabordables. Pour les entreprises, il faut composer avec une main-d’œuvre rare et chère et des coûts de production qui grimpent.

Marc-André Leclerc fait le point sur la situation économique.  

Francis Gosselin est chroniqueur économique.

Au cours des derniers mois, la Banque du Canada s’est attaquée à l’inflation. Le taux directeur est passé de 0,25 % à 4,25 % au cours de l’année 2022. La Banque poursuivra dans cette direction au cours des prochains mois. « Le seul objectif de la Banque du Canada, c’est de faire baisser l’inflation. Tout le reste est secondaire. La Banque vise un taux d’inflation qui se situe entre 1 % et 3 %. Dans l’économie traditionnelle, c’est vu comme une condition de stabilité pour que tous les acteurs prennent des décisions rationnelles », mentionne l’économiste Francis Gosselin.

Les responsables de la Banque du Canada se pencheront sur l’indice des prix à la consommation avant d’annoncer, le 26 janvier, s’il y a lieu d’augmenter à nouveau le taux directeur.

Aujourd’hui, le 17 janvier, Statistique Canada publie les nouveaux chiffres de l’indice des prix à la consommation. Les responsables de la Banque du Canada vont regarder attentivement ces chiffres avant d’annoncer, le 26 janvier, s’il y a lieu d’augmenter à nouveau le taux directeur. « C’est un peu décourageant pour la Banque, car malgré le resserrement des conditions de crédit, les consommateurs continuent d’être très enthousiastes face aux marchés, relate M. Gosselin. Il y a toujours un délai entre les décisions de la Banque et la répercussion sur l’économie, mais on espère qu’il y aura des résultats. » Pour l’économiste, il est pas mal certain que la Banque va augmenter un peu le taux directeur pour envoyer un signal que ce n’est pas tout à fait terminé encore. « La Banque a frappé un très grand coup l’année dernière. C’est impensable que ça réaugmente autant. On arrive au plafond. Mais, ça risque encore d’augmenter. » 

Ralentissement en vue   

Outre l’inflation, l’ensemble des économistes et des politiciens surveillent les différents indicateurs pour savoir s’il y aura une récession en 2023. Difficile à dire, mais on sait déjà qu’un ralentissement sera au rendez-vous. « Ce n’est pas tellement important de savoir si on va être en récession ou pas. Ce qui est pas mal certain c’est que le ralentissement économique qu’on est en train de vivre ne sera pas majeur », explique Francis Gosselin. Si le pays tombe en récession, le manque de main-d’œuvre pourrait aider les contribuables à traverser la crise. « À cause de la pénurie de main-d’œuvre qui est rendue endémique avec un million de postes à pourvoir au Canada, avant qu’on arrive à zéro poste à pouvoir, il y a beaucoup de marge, stipule Francis Gosselin. L’économie va ralentir et les gens vont conserver leur emploi. S’ils le perdent, ces gens-là vont se replacer rapidement. On va atténuer la pression sur le marché du travail avant de se retrouver dans des espèces de catastrophes humaines comme on l’a vu dans le passé. »

« Le ralentissement économique ne sera pas majeur. » - Francis Gosselin

Chèques aux contribuables : une mesure à double tranchant

Pour faire face à l’inflation, les gouvernements n’ont pas hésité à envoyer des chèques aux contribuables. Une pratique qui ne devrait pas avoir lieu en 2023, selon l’analyste politique Rodolphe Husny. « Je crois que c’est terminé pour les chèques. Pour moi, ce n’était pas une mesure contre l’inflation, mais plutôt une mesure électoraliste. » Francis Gosselin pense qu’envoyer des chèques est contre-productif pour combattre l’inflation. « C’est ajouter de l’huile sur le feu. Envoyer 500 $ à quelqu’un qui a déjà un bon revenu, ça ne sert absolument à rien. Le montant va directement dans la consommation. Ça augmente la demande sur des produits, donc ça ajoute de l’inflation. » À Québec et à Ottawa, les ministres des Finances auront d’importantes décisions à prendre dans un contexte incertain pour la préparation du budget.

 

 

Vous avez aimé cet article ? Vous pouvez vous abonner pour nous aider à remplir notre mission.