Sylvie Vachon : « Prévenir, c’est guérir »

Sylvie Vachon fait partie des grandes figures décisionnelles au Québec. Elle a passé plus de trente ans au Port de Montréal et avait annoncé sa retraite au début de l’année. Marie Grégoire s’entretient avec la présidente-directrice générale de l’Administration portuaire de Montréal au lendemain de la fin d’une grève générale qui a marqué l’actualité.


 

On l’a vu avec le conflit et la grève des dernières semaines : le Port de Montréal est névralgique pour l’économie du Québec. Qu’avez-vous appris avec la crise de la COVID-19?

Sylvie Vachon fait partie des grandes figures décisionnelles au Québec. Elle a passé les onze dernières années à la tête du Port de Montréal, un organisme où elle travaille depuis plus de 30 ans.

Sylvie Vachon fait partie des grandes figures décisionnelles au Québec. Elle a passé les onze dernières années à la tête du Port de Montréal, un organisme où elle travaille depuis plus de 30 ans.

 Peut-être parce que justement, il s’agit d’un port, notre équipe avait des plans d’urgence, et même des plans à mettre en œuvre en cas de pandémie. Des fois ça paraissait abstrait, mais on avait aussi un système de gestion des risques avec des plans d’atténuation de ces risques. Quand la crise est arrivée, on s’est dit : « Heureusement qu’on avait tout ça! ».  C’était dans notre culture de se préparer. La résilience de nos infrastructures et la résilience de nos équipes a été au cœur du maintien des activités. Ce n’était pas farfelu d’être prêt à l’avance. On a pu se réorganiser, parce qu’on avait déjà simulé ces situations. Nous fonctionnons aussi comme une grande chaîne logistique, donc le plus gros atout aura été la force de communication de l’équipe.

« On a réalisé avec la crise qu’il y avait peu d’espace pour prendre son souffle. La crise a réduit l’effervescence, mais pas la cadence. » - Sylvie Vachon

Le plus grand apprentissage a été tout ce qui relève du télétravail. On est en opération 24 heures par jour et sept jours sur sept. On était en train de mettre en place une charte pour la conciliation travail-famille, mais on n’avait pas prévu d’implanter le télétravail aussi rapidement, dès mars 2020. Le télétravail requiert une ouverture d’esprit des gestionnaires, des systèmes robustes et un équipement qui préserve la sécurité informatique. La discipline des équipes de travail est aussi essentielle dans ce nouveau quotidien.


Vous aviez annoncé votre départ à la retraite au début de 2020. Est-ce que la pandémie a changé l’échéancier?

Je suis au port depuis 30 ans et j’occupe le poste de présidente-directrice générale depuis 11 ans. Je quitte à un bon moment. Il y a en ce moment tout le projet de développement du terminal Contrecœur. C’est un projet porteur pour le développement économique, un grand projet. Je dois me retirer à un moment charnière, dans la mesure où je ne prévois pas de me rendre jusqu’au moment de couper le ruban à l’ouverture en 2024. J’ai choisi d’annoncer mon départ quand tout avait été finalisé du point de vue des ententes. La COVID-19 a reporté un peu les échéances. Alors j’ai décidé de quitter à la fin de l’année, parce qu’on a dépassé l’étape de gestion de crise. Le nouveau quotidien s’est installé. J’aurai le sentiment d’être partie à un bon moment. Je vais poursuivre ma vie autrement, après 40 ans de travail en accéléré : avec mes engagements au sein de conseils d’administration, mais aussi en consacrant plus de temps à ma vie personnelle.

« Je vais poursuivre ma vie autrement, après 40 ans de travail en accéléré : avec mes engagements au sein de conseils d’administration, mais aussi en consacrant plus de temps à ma vie personnelle. » - Sylvie Vachon


Vous avez dirigé l’Administration portuaire de Montréal; vous avez été une femme dans un monde d’hommes. Que doit-on retenir de votre héritage?

D’abord, ce serait d’avoir mis en évidence l’importance économique et communautaire du Port, car vivre dans une ville portuaire a ses avantages pour les entreprises et les citoyens. Ensuite, c’est d’avoir fait en sorte que la chaîne logistique soit bien connectée avec les maillons extérieurs : rails, rues, pipelines. Mais aussi, avoir mis en évidence l’importance des liens au monde, au sens large et au sens restreint qui s’entend par « notre monde » et nos partenaires ici. Enfin, avoir aussi démocratisé les lieux pour accueillir le public, avoir modernisé le port et augmenté la capacité d’accueil des marchandises. C’est tout cet ensemble qui aura marqué mon passage.


Quel serait le mot de la fin pour nos lectrices?

« Ne jamais penser qu’il y a des choses qu’on ne peut pas faire parce qu’on est une femme. Tout est ouvert, il ne faut pas se poser la question et avancer vers ce qui nous intéresse. »


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