Des familles à géométrie variable

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FLORENCE DUJOUX

Qui peut aujourd’hui parler de modèle familial uniforme ? Les mutations sociologiques et démographiques de la société québécoise élèvent la conciliation travail-famille à un enjeu de conciliation travail-vie personnelle.

Fini le temps où la conciliation était considérée comme une histoire de filles. D’abord, parce que ces dernières ne deviennent pas toutes mères. On estime en effet qu’une Québécoise sur cinq n’aura pas d’enfant à la fin de sa période de fécondité (Institut de la Statistique du Québec 2016). Et elles sont de plus en plus nombreuses à revendiquer ce choix, encore souvent mal compris dans une société qui idéalise la maternité. Ensuite, parce que les pères sortent de leur rôle de pourvoyeur et s’impliquent de plus en plus dans leur rôle familial. D’après la sociologue Véronique Harvey, 80 % des pères québécois prennent leur congé de paternité, ce qui place le Québec comme un précurseur dans le camp des économies comparables. Et ce, malgré les phénomènes de perception qui subsistent encore, en particulier dans les milieux de travail traditionnels.

Pour toutes les familles

Depuis quelques décennies, la société québécoise s’est profondément transformée, si bien que les familles traditionnelles sont devenues minoritaires. Moins de la moitié d’entre elles correspondent désormais à la famille typique, dite « nucléaire intacte », à savoir un couple de sexe opposé avec enfants. Les familles monoparentales, recomposées et homoparentales sont de plus en plus nombreuses, et demandent des mesures de conciliation mieux adaptées. Par exemple, comment assumer pleinement son rôle de beau-père ou de belle-mère? La question de la conciliation touche aussi les personnes plus âgées. Avec le vieillissement de la population, de plus en plus de travailleurs de 50 ans et plus se trouvent en situation de proche-aidance, un chiffre qui concerne surtout les femmes. Près du tiers de celles qui occupent un emploi ont une responsabilité d’aidante, alors que c’est le cas pour un homme en emploi sur cinq seulement (Les proches aidantes et les proches aidants au Québec, Conseil du Statut de la Femme 2018).

La famille se transforme au rythme des évolutions sociales et il importe de préserver l’équilibre personnel des travailleurs, quelles que soient les priorités qui leur permettent de se réaliser. La conciliation travail-vie personnelle est devenue synonyme de bonheur au travail, un bonheur qui se mesure dans les résultats de l’entreprise.