20 ans de soutien aux familles québécoises

 

Mise à jour le 11 juin 2024

En 2006, le Québec a mis en place son Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), un programme novateur et plus généreux que son pendant fédéral, ce qui a placé la province à l’avant-garde des politiques de soutien familial.

Depuis, le Québec a enrichi son offre de mesures de congé parental, renforçant ainsi son engagement envers les familles. Rencontre avec Marie Gendron, présidente-directrice générale du Conseil de gestion de l’assurance parentale – le gestionnaire du RQAP –, qui fait le point sur l’évolution de ce régime et sur ses conséquences pour les travailleuses et les travailleurs.

L’assurance parentale aura bientôt 20 ans. Depuis sa création, quelque 34 milliards de dollars ont été versés en prestations à plus de deux millions de parents.

«Aujourd’hui, le régime couvre neuf naissances sur dix », souligne avec fierté Marie Gendron. En 2021, 67300 mères ont profité du régime, recevant en moyenne 46 semaines de prestations. En 2021, l’adoption de nouvelles mesures a marqué un tournant dans l’accompagnement des familles, en particulier pour les entrepreneures. «Nous voulions que le régime s’adapte aux nouvelles réalités du marché du travail et qu’il réponde aux besoins des parents comme des employeurs, favorisant ainsi un meilleur équilibre famille-travail», explique Marie Gendron.

Parmi les nouvelles mesures, il y a eu la prolongation de la période de prestations qui est passée de 12 à 18 mois. Elle offre aux nouvelles mères la possibilité de reprendre temporairement le travail durant un pic d’activité, avant de profiter à nouveau de leur congé.

Cette mesure a notamment eu un impact pour les entrepreneures et les travailleuses autonomes qui, historiquement, étaient moins enclines à épuiser leurs semaines de prestations. Grâce au délai supplémentaire de six mois, elles peuvent moduler l’usage de leurs prestations en fonction de leurs besoins professionnels et familiaux.

Un choix déjà adopté par une famille sur cinq. La possibilité d’accumuler des revenus pendant la période de prestations est une autre mesure qui est venue ajouter de la flexibilité pour les nouveaux parents.

«Cela permet de combler la portion non remplacée par le RQAP avec des revenus de travail», affirme Marie Gendron.

L’effet de cette mesure n’a pas tardé à se faire sentir. Depuis son entrée en vigueur, la proportion de parents bénéficiant de prestations majorées a doublé. L’effet a été significatif chez les travailleuses autonomes puisque la moitié d’entre elles profitent désormais d’une prestation majorée, contre seulement 8% auparavant.

«Nous avons constaté que les pères tendaient à laisser la majorité des semaines de congé partageables aux mères.»

UN BONUS AU PARTAGE

Une des principales retombées du RQAP est certainement l’implication des pères dans le congé parental qui est en forte hausse. De 56% en 2006, le taux de participation des pères a grimpé à près de 74% en 2021 au Québec, alors qu’il frôle à peine 30 % dans le reste du Canada. Pour encourager un investissement plus égalitaire, un bonus au partage a été introduit.

«Nous avons constaté que les pères tendaient à laisser la majorité des semaines de congé partageables aux mères, explique Marie Gendron. Nous avons donc voulu mettre en place une mesure incitative pour encourager les pères à s’investir davantage. Désormais, quatre semaines supplémentaires de prestations partageables sont accordées dès que chaque parent a pris au moins huit semaines de congé parental.»

La mesure a rapidement donné des résultats. En 2021, 20% des couples ont bénéficié des semaines additionnelles, contre 8% en 2020. «Nous voyons la courbe évoluer vers un partage plus égalitaire des charges parentales, se réjouit la PDG. Il a été démontré que les pères plus présents lors des premiers mois de la vie de leur enfant s’investissent davantage dans les tâches familiales par la suite.»

RETOMBÉES SOCIALES ET ÉCONOMIQUES

La politique québécoise de congé parental a entraîné de nombreux bénéfices, tant individuels que collectifs. En offrant des prestations de congé parental plus généreuses, le RQAP a permis aux parents de jouir d’une plus grande sécurité économique pendant cette période. Cela a également facilité le retour au travail des femmes après l’accouchement, contribuant ainsi à augmenter le taux d’emploi féminin.

En 2022, selon l’Institut de la statistique du Québec, le taux d’activité des Québécoises de 25 ans et plus ayant un enfant de moins de 3 ans s’est accru pour atteindre 84,2%, comparativement à 75,8% en 2006.

«Nous voyons la courbe évoluer vers un partage plus égalitaire des charges parentales, se réjouit la PDG.»

Il s’agit de l’un des taux les plus élevés dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

«D’ailleurs, en 2021, la province a figuré au quatrième rang du classement mondial de l’UNICEF concernant les politiques de congés parentaux et de garde d’enfants chez les pays riches», souligne Marie Gendron. Le Canada se retrouve au 27e rang alors que les États-Unis ferment la marche en 42e place.

Le RQAP s’est aussi avéré être un outil pour mieux soutenir les familles. Des congés parentaux plus longs et plus flexibles permettent aux parents de passer du temps crucial avec leurs nouveau-nés, ce qui est bénéfique pour le développement et le bien-être des enfants. Il a aussi favorisé un meilleur équilibre entre la famille et le travail. Près des trois quarts des employeurs appuient d’ailleurs les plus récentes mesures mises en place parce qu’elles aident à la rétention et à la productivité des employés en cette période de pénurie d’emploi.

Selon Marie Gendron, le RQAP fait également en sorte que les mères soient moins pénalisées par la maternité sur le plan financier. «Les femmes accumulent du retard par rapport aux hommes dans la constitution de leur patrimoine pour la retraite», dit-elle. Grâce au régime, on peut espérer voir cet écart se réduire encore.

 
 
 

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