Elles s’engagent: trois profils philanthropiques

 

22 mai 2023

Kim Thomassin est première vice-présidente et cheffe, Québec à la CDPQ ; Catryn Pinard dirige Nationex, une grande entreprise familiale dont elle a repris les rênes ; Andrea Gomez a lancé la ligne de cosmétiques Omy, une jeune pousse qui ne cesse de grandir. Les trois femmes donnent du temps, s’engagent et contribuent à leurs façons. Voici leurs profils philanthropiques.

Ce dossier est publié grâce au soutien de la CDPQ.

Kim Thomassin, L’ADN de la philanthropie

Kim Thomassin, première vice-présidente et cheffe, Québec à la CDPQ

Kim Thomassin, première vice-présidente et cheffe, Québec à la CDPQ, a grandi dans une famille où le bénévolat faisait partie du quotidien. Cet engagement se décline aujourd’hui dans toutes les sphères de sa carrière. « Mes parents aidaient les autres et se sont toujours impliqués dansleur communauté », raconte Kim Thomassin, originaire de Québec, où l’on trouve une tradition bien ancrée de bénévolat. « L’engagement, ça fait partie de mon ADN familial, mes parents ont été des modèles pour moi et cela a marqué mon cheminement personnel et professionnel. » Aujourd’hui maman, Kim Thomassin compte bien transmettre ces valeurs à sa fille.

« Il ne faut pas être gênée quand on sollicite des fonds pour une bonne cause et parler avec son coeur. » – Kim Thomassin, première vice-présidente et cheffe, Québec à la CDPQ

 Tout au long de son parcours professionnel, elle reconnaît avoir eu le soutien de ses employeurs. C’est une grande chance quand l’engagement social et la philanthropie font partie de la culture d’entreprise. Aujourd’hui, « j’épouse des causes qui me rejoignent et où je pense que je peux faire une réelle différence », admet Kim Thomassin.

Un parcours exemplaire

La dirigeante privilégie les initiatives philanthropiques qui lui donnent la possibilité de travailler en équipe, à l’interne avec ses collègues de la CDPQ, mais aussi dans la communauté. Grande donatrice à Centraide du Grand Montréal – son « premier amour » dans le monde philanthropique – et coprésidente de la campagne pour l’Hôpital de Montréal pour enfants, elle a aussi accepté la présidence d’honneur pour l’organisation de la soirée-bénéfice À Votre Santé ! au profit de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. « On rencontre des personnes incroyables dans ces comités », confie Kim Thomassin, qui reconnaît aussi l’importance d’évaluer les besoins et de trouver les bonnes personnes. « Je voudrais dire oui tout le temps, mais je ne peux pas. Il y a quelques années, j’ai été approchée par une superbe cause qui, pour des raisons personnelles, n’était pas pour moi. J’ai présenté une autre femme, qui a fait un superbe travail, et l’organisme a atteint des records. » C’est important de passer la balle à la suivante pour que plus de femmes s’impliquent.

La sollicitation peut être une expérience intimidante pour certains : « Il faut mettre de côté toute gêne et parler avec son coeur », conseille celle qui a levé des fonds au profit de nombreuses causes. « Quand on dit oui à une cause, on devient une ambassadrice, donc il faut le faire à fond.

Chez Nationex, Catryn Pinard donne au suivant

Catryn Pinard, présidente et chef de la direction, Nationex

En 2015, Catryn Pinard devient présidente de Nationex, une entreprise de camionnage cofondée par ses parents et trois autres actionnaires à Longueuil, en 1980. Elle reprend l’entreprise comme seule propriétaire trois ans plus tard. Elle maintient également une tradition bien ancrée de donner au suivant. Pendant des décennies, ses parents et leurs employés livraient des paniers de Noël à des familles dans le besoin dans la région de Longueuil. « Nous agissons, à notre manière dans notre communauté », dit Catryn Pinard. Si Nationex livre des colis aux quatre coins du Québec et de l’Ontario, l’entreprise demeure bien ancrée dans la Rive Sud.

« Trouvez ce qui vous rejoint et concentrez-vous là-dessus ; ça n’a pas besoin d’être grand. Parrainer une famille ou faire une levée de fonds pour une cause : on peut tous faire quelque chose. » – Catryn Pinard, présidente et chef de la direction, Nationex

Tous les ans, depuis les tout débuts, Nationex collabore avec des organismes caritatifs locaux pour choisir des familles dans le besoin et leur offrir un panier de Noël ainsi que des jouets.

Avant la pandémie, se réunir entre collègues pour emballer les cadeaux était un rituel que tous les employés et leurs enfants ou adolescents adoraient. Les jours de livraison, quatre camions étaient chargés de collecter les denrées amassées en collaboration avec des épiceries locales. Et puis le père Noël en personne débarquait chez les familles. « On fait dans la logistique et, justement, ça prend un minimum de logistique pour arrimer tout ça ! », lance Catryn Pinard, le sourire aux lèvres.

Une planification qui fonctionne

Ces efforts sont compensés par les sourires des enfants et un certain sentiment de justice. « Tous les enfants, peu importe d’où ils viennent, ont le droit de recevoir des cadeaux de Noël et de voir le père Noël ! », résume Catryn Pinard. Dans leur engagement caritatif et communautaire, Catryn Pinard et Nationex conservent une ligne directrice : aider les enfants dans le besoin. En 2014, ils ont créé la Fondation Nationex pour l’enfance. Au cours de l’année, la fondation a fait plusieurs dons aux organismes qui appuient les mères célibataires et les enfants, dons qui sont souvent financés par des levées de fonds à l’interne. Catryn Pinard et son conjoint ont aussi créé une fondation familiale. Par l’entremise de cette fondation, leurs enfants versent un montant à des causes de leur choix pour poursuivre la tradition. « On veut susciter ce genre de conversation : j’ai tel montant d’argent à donner, qu’est-ce que j’en fais ? »

Avec la pandémie et les départs à la retraite, Catryn Pinard se questionne sur l’avenir de la distribution des paniers de Noël, mais pas sur le bien-fondé de l’engagement social. « Est-ce qu’on fait les paniers de Noël ou est-ce qu’on donne des heures à nos employés pour du bénévolat ? On se pose la question. On ne peut pas dire oui à tout, même s’il y a plein de choses intéressantes. » Catryn Pinard conseille vivement aux entrepreneures de s’engager à une échelle qui leur convient : « Trouvez ce qui vous rejoint et concentrez-vous là-dessus ; ça n’a pas besoin d’être grand. Parrainer une famille ou faire une levée de fonds pour une cause : on peut tous faire quelque chose. »

 

Omy Laboratoires, une petite entreprise au grand cœur

Andrea Gomez, directrice générale et cofondatrice d’Omy Laboratoires

Andrea Gomez est arrivée à Québec avec sa famille, à l’âge de 16 ans, en 2007. Elle ne parlait pas français, mais portait dans ses valises ses ambitions et sa passion pour le monde des cosmétiques. En 2023, à 31 ans, elle raconte dans un français assuré et débordant d’enthousiasme la différence qu’elle souhaite faire avec Omy Laboratoires, un laboratoire de produits cosmétiques naturels personnalisés dont elle est la cofondatrice.

Adolescente, elle avait de la difficulté à trouver un produit efficace sur plusieurs problèmes de peau, dans son cas anti-acné et anti-rougeurs. Pour aider d’autres personnes avec des problèmes de peau complexes, elle s’est lancée dans la confection de cosmétiques sur mesure. Après une première tentative, elle et sa partenaire d’affaires, une chimiste, ont persévéré. Elles ont développé un outil d’intelligence artificielle qui analyse la peau à partir de photos et d’un sondage pour proposer un produit sur mesure. En activité depuis quatre ans, Omy Laboratoires compte 39 employés. L’entreprise envisage une expansion vers le marché américain.

« Mon objectif, c’est de pouvoir donner aux femmes qui ont eu moins de chance l’occasion de s’épanouir pour arriver à contribuer à notre société. » – Andrea Gomez, directrice générale et cofondatrice d’Omy Laboratoires

 Un engagement qui prend tout son sens

Depuis les tout débuts, Omy soutient plusieurs causes, comme le YWCA de Québec, qui offre des services d’hébergement et de soutien aux femmes victimes de violence conjugale ou à risque d’itinérance, et des programmes éducatifs pour filles axés sur les droits et l’inclusion. Andrea Gomez a assuré la présidence d’honneur de la campagne de financement de l’organisme en 2021, fait don de certains de ses produits et levé des milliers de dollars. « C’est mon parcours personnel qui m’a amenée à m’intéresser à la cause des femmes », raconte l’entrepreneure. « Je viens d’un pays très patriarcal où c’est l’homme qui gère. J’ai déménagé ici avec mes parents, qui ont divorcé tout de suite après. Ma mère s’est un peu rebellée. » Après la séparation, Andrea et sa mère ont reçu un soutien précieux des églises et des organismes communautaires. « Ça nous a permis de nous en sortir, et ça m’a permis d’être la femme que je suis aujourd’hui. Mon objectif, c’est de pouvoir donner aux femmes qui ont eu moins de chance l’occasion de s’épanouir pour arriver à contribuer à notre société. »

Au début de la pandémie, la jeune entreprise de cosmétiques s’est consacrée à la fabrication de désinfectants. Omy a offert plus de 20 000 $ de gels aux établissements de santé locaux, comme le CHSLD de Québec où la mère d’Andrea travaillait comme préposée aux bénéficiaires : une grande fierté pour l’entrepreneure. Omy s’engage aussi avec Égale Canada et la Fondation Émergence, qui défendent les droits des personnes LGBTQ+, et avec la Fondation du cancer du sein du Québec. Après les incendies qui ont ravagé une partie de l’Australie en 2020, la compagnie a aussi fait deux campagnes de financement pour la fondation Friends of the Koala.

En plus de lever des fonds, l’entreprise donne des bourses et présente des conférences aux filles et aux jeunes femmes passionnées des sciences ou de l’entrepreneuriat : « On nous a dit que depuis qu’on a commencé à s’impliquer auprès de la faculté, le nombre d’intentions d’entreprendre chez les étudiantes en sciences a augmenté. C’est agréable d’entendre ça. On pense souvent que seulement les grandes entreprises ou les personnes riches peuvent faire de la philanthropie. Notre histoire montre que même quand on est une petite entreprise, on a la capacité d’aider, et c’est vraiment valorisant. »