Philanthropie : les femmes au rendez-vous

 

22 mai 2023 - Au Québec, 15 000 organismes de bienfaisance contribuent à renforcer le tissu social en remplissant une multitude de missions. Une nouvelle étude menée par Épisode et présentée par la CDPQ en collaboration avec RBC, le Conseil des arts de Montréal, la Fondation du Grand Montréal et Le Devoir cherche à comprendre les motivations des femmes d’affaires qui s’engagent. La diversité et la parité sont des richesses pour les collectivités. En faisant rayonner des femmes philanthropes, Épisode et ses partenaires entendent encourager une nouvelle génération de leaders à s’engager.

Une première étude sur le sujet

Laetitia Shaigetz, présidente d’Épisode

Laetitia Shaigetz dirige Épisode, une firme montréalaise d’experts conseils en philanthropie qui collabore souvent avec des bénévoles d’affaires. « Les organismes sans but lucratif font partie du filet social québécois, mais les bénévoles d’affaires sont tout aussi importants. » L’équipe d’Épisode constate pourtant un défi de recrutement de femmes dans les conseils d’administration de grandes fondations et dans des rôles de sollicitation. Si la parité est une richesse pour toute organisation, pour solliciter davantage de bénévoles féminines, il faut avant tout « mieux comprendre ce qu’elles aiment et ce qu’elles veulent ».

Dans le cadre de l’étude Les leaders féminines et la philanthropie, Léger, a questionné plus de 500 bénévolesd’affaires québécois actuels et potentiels. L’objectif : comprendre les motivations et les besoins des leaders féminines qui s’engagent dans la pratique du bénévolat d’affaires. Sur les 500 personnes interrogées, environ 37 % des répondants et répondantes disaient faire du bénévolat d’affaires. Sans surprise, le manque de temps est l’obstacle le plus fréquemment invoqué, tous les groupes d’âge et de genre confondus. Près de 40 % des femmes cadres et dirigeantes ont aussi cité le manque d’occasions.

« Les organismes sans but lucratif font partie du filet social québécois, mais les bénévoles d’affaires sont tout aussi importants. » – Laetitia Shaigetz, présidente d’Épisode

L’étude a également interrogé un sous-groupe de femmes philanthropes bien établies. Altruisme, engagement auprès de sa communauté, soutien en faveur d’une cause chère, le sentiment d’utilité et le partage de savoir arrivent en tête de liste des raisons qu’elles évoquent pour s’impliquer. D’après le rapport, « les motivations qui s’apparentent davantage au développement professionnel ou d’affaires semblent pousser aussi des femmes philanthropes bien établies à s’engager. Elles sont plus nombreuses à vouloir partager leur expertise, exercer une influence et développer des liens d’affaires ».

Une proportion de 36 % des femmes sondées occupaient un poste au conseil d’administration d’un organisme sans but lucratif, contre 27 % pour les hommes ; ces derniers étaient plus portés à participer à un événement de financement, à un défi sportif ou à aider physiquement, en livrant des repas. Les femmes quant à elles seraient plus portées à vouloir contribuer en mettant leur expertise à profit. Les femmes philanthropes semblent enfin davantage enclines à choisir une cause par intérêt personnel ou en raison d’un lien personnel. Laetitia Shaigetz observe que les femmes tiennent à s’assurer de répondre aux attentes et d’être utiles avant d’accepter un poste – une tendance qui se reflète également dans le monde des affaires au sens large. En règle générale, les femmes ont moins d’aisance à solliciter que les hommes : même si la majorité des femmes bénévoles sondées sollicitent des dons dans le cadre de leur engagement, moins d’une bénévole cite cette activité comme une préférence.

« La philanthropie s’est perpétuée depuis des dizaines d’années par des modèles masculins. Pour recruter des femmes, il faut savoir qui elles sont et ce qui les motive. » – Amélie L’Heureux, conseillère principale chez Épisode

Amélie L’Heureux, conseillère principale chez Épisode

Ces distinctions sont de belles occasions pour le recrutement. Avant de s’engager comme bénévoles, les femmes « ont besoin de savoir dans quoi elles s’embarquent et ce qu’on attend d’elles », observe Amélie L’Heureux, experte-conseil chez Épisode et directrice de l’étude. Elle considère que des perspectives de mentorat et de travail d’équipe peuvent attirer plus de femmes vers le bénévolat d’affaires. « Cessons de solliciter des femmes en ayant en tête un modèle de bénévolat traditionnel. La philanthropie s’est perpétuée depuis des dizaines d’années par des modèles uniquement masculins. Pour recruter des femmes, il faut savoir qui elles sont et ce qui les motive. Il faut travailler avec elles à déterminer les aspects de leur rôle pour une initiative philanthropique », résume Amélie L’Heureux.

 

DOSSIER PHILANTHROPIE | Magazine du printemps 2023

Ces textes sont publiés grâce au soutien de la CDPQ. Le dossier a été rédigé par Irene Ruby Pratka pour Premières en affaires.