Audrey Murray a de nouvelles priorités

 

Mise à jour le 11 juin 2024

La Commission de la construction du Québec (CCQ) joue un rôle central dans la régulation et la supervision du secteur de la construction au Québec depuis sa création, en 1987. La nouvelle présidente-directrice générale, Audrey Murray, mise sur la modernité.

«Lorsque j’ai accepté le mandat, j’ai vu la possibilité d’apporter ma contribution à un moment qui est, pour moi, un moment charnière. Comme industrie, nous sommes appelés à jouer un rôle que je trouve très stimulant sur le plan économique et social pour amener le Québec à relever ses défis.

C’est formidable, ce qui est en train de se passer, sans compter que nous sommes derrière la construction de nouvelles écoles, de nouveaux hôpitaux ou de garderies, c’est inspirant. Nous sommes ainsi très impliqués dans la mission publique et dans la transmission du secteur privé au niveau industriel», mentionne Audrey Murray, qui a été nommée PDG de la CCQ en octobre 2023.

«Je sens un désir d’être meilleur, autant du côté syndical que du côté des entreprises.»

Pour elle, il s’agit d’un retour au bercail à la Commission de la construction du Québec, car elle a passé près de vingt ans dans l’organisation entre 1998 et 2018. Pendant son premier passage à la CCQ, Mme Murray a occupé plusieurs postes, notamment celui de directrice du développement stratégique et des projets spéciaux et celui de vice-présidente au service à la clientèle et développement.

La nouvelle PDG considère comme un avantage d’avoir pu évoluer au sein de l’organisation et d’avoir ensuite pris une pause pour mieux revenir.

«Je pense que c’est positif. Moi, j’ai changé, je suis allée prendre de l’expérience dans d’autres contextes. Dans mon rôle à la Commission des partenaires du marché du travail, j’ai rencontré des gens de tous les secteurs économiques qui animent le Québec.

J’ai eu à travailler avec des partenaires patronaux et syndicaux d’autres secteurs d’activité. J’arrive avec un bagage nouveau et un regard neuf. J’ai eu la chance d’accompagner le secteur du tourisme pendant douze mois. Je trouve ça important de marier mes connaissances passées à mes nouvelles fonctions à la CCQ.»

UNE INDUSTRIE EN ÉVOLUTION

Même si elle connaissait bien l’industrie de la construction, Audrey Murray a été surprise par les changements qui ont marqué son secteur d’activité au cours des dernières années.

«J’ai été frappée à mon arrivée de constater la croissance économique majeure qu’a connue l’industrie de la construction entre mon départ et mon retour. Lorsque je suis partie, je n’aurais jamais pu m’imaginer qu’on atteindrait 200000 travailleuses et travailleurs détenteurs d’un certificat de compétence au Québec; c’est énorme!»

Audrey Murray a également été frappée par la transition démographique qui touche le Québec présentement.

«Il y a une mécanique, normalement ponctuelle, qui est de laisser entrer des gens non formés quand l’employeur est prêt à les prendre en charge pour les accompagner. Au moment de mon départ, 70% de la nouvelle main-d’œuvre était diplômée. Depuis cinq ans, c’est 70% des personnes qui ne sont pas formées. Ça, c’est un point décisif, un changement majeur pour l’industrie; la CCQ et ses partenaires doivent s’y intéresser de façon prioritaire. Et il s’agit d’un défi pour tous les secteurs économiques. Ça nous force à évaluer de quelle façon la transition démographique va toucher notre main-d’œuvre compétente.»

«Il est fabuleux de constater à quel point l’industrie de la construction est derrière la résolution des grands défis.»

Mme Murray note que les entrepreneurs ont beaucoup de vision et d’inspiration. «Notre industrie en est une d’action, qui évolue constamment, mais il y a une complexité liée à sa chaîne de valeurs qui fait en sorte qu’historiquement, ça rend plus difficile l’innovation parce c’est complexe. Une de mes priorités à la CCQ c’est que je veux qu’on se rapproche des donneurs d’ouvrage comme Hydro-Québec, par exemple. On doit avoir une meilleure vue d’ensemble partagée, pour prévoir les choses en collaboration. La CCQ doit être en mesure de mieux prévoir le besoin de main-d’œuvre.»

DES DÉFIS

En février 2024, le ministre du Travail, Jean Boulet, a déposé le projet de loi 51 afin de moderniser l’industrie de la construction. Le gouvernement veut «accroître la productivité et l’efficacité dans l’organisation du travail en permettant une polyvalence accrue pour certaines tâches réalisées sur les chantiers».

« J’ai été frappée à mon arrivée de constater la croissance économique majeure qu’a connue l’industrie de la construction entre mon départ et mon retour.»

Concernant cette pièce législative, la CCQ se garde un droit de réserve, mais Audrey Murray reconnaît que l’industrie doit assumer sa part de responsabilité face aux défis qui touchent tout le secteur de la construction.

«Il est fabuleux de constater à quel point l’industrie de la construction est derrière la résolution des grands défis. En ce qui concerne la crise du logement, l’industrie doit assumer la part de responsabilité qui lui revient, mais elle ne peut pas l’assumer à elle seule.»

Reconnaissant le désir de faire mieux parmi les différents acteurs de l’industrie de la construction, celle qui a porté les couleurs de la CAQ lors de la dernière campagne électorale au Québec croit qu’une meilleure collaboration et une plus grande coordination devront se mettre en branle.

«Je sens un désir d’être meilleur, autant du côté syndical que du côté des entreprises, explique Audrey Murray.

Je fais le même constat à l’intérieur de mon organisation. Sincèrement, personne ne se lève le matin en n’ayant pas le goût d’être bon. On sent un désir de vivre du succès et d’être fiers.

Notre industrie a besoin de coordination et de collaboration. Tout ne se passe pas dans un endroit que nous pouvons contrôler; nous devons miser sur la collaboration, sur la communication et sur une meilleure planification. Il importe de se donner des outils technologiques pour être en mesure de mieux faire les choses. La volonté est là. Lorsqu’on veut faire de grands changements, on sait que ce ne sera jamais parfait, mais il faut mettre beaucoup d’effort.»

 
 
 

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Marc-André Leclerc