Grandes fortunes: quand ça se complique

 

30 septembre 2024

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En 2036, le quart de la population aura 65 ans et plus. Il y a déjà plus de personnes de cette tranche d’âge que de Canadiens de 14 ans et moins. Cette donnée démographique a des répercussions sur les finances familiales. Marc-André Nantais, gestionnaire de portefeuille chez Jarislowsky Fraser détaille la situation.

Stéphane Desjardins

Toute une génération de baby-boomers a mal préparé sa sortie de scène, notamment du point de vue de la fiscalité. « Certaines liquidations sont des cadeaux empoisonnés, avec d’énormes et coûteuses charges fiscales, des successions qui prennent des années à se régler. D’autres sont le fait de structures trop complexes, de documents mal faits, de testaments qui ne sont pas à jour. C’est certain que c’est difficile de se transposer dans 20 ans, mais une planification successorale se doit d’être bien faite. »

Ce ne sont pas des situations faciles à gérer sur les plans financier et émotif. Les clients doivent souvent composer avec des enfants ou des adolescents et, aussi, faire face au déclin de la santé de leurs parents : « Une bonne part de ma clientèle se préoccupe de cette situation ou fait partie de la “génération sandwich”, explique Marc-André Nantais. Aujourd’hui, nombre de parents entre 35 et 55 ans doivent avoir des discussions compliquées avec leurs parents. Certains ne sont pas à l’aise de divulguer l’état de leurs finances, les institutions financières avec qui ils transigent ou de discuter de leurs placements. Nous leur conseillons de mettre à jour les mandats d’inaptitude, testaments et contrats d’assurance, et d’en parler à leurs enfants. »

Ces stratégies ont une fonction sociale. Planifier en vue des besoins futurs d’un point de vue familial permet aux parents d’ordonner leurs propres priorités. Gérer les finances familiales en contexte inflationniste, pendant une crise du logement, par exemple, c’est faire des choix d’avenir et ancrer la famille dans une longévité.

« Quand on tient compte des difficultés de l’accès à la propriété, on se doit de gérer le patrimoine d’un point de vue multigénérationnel. Cela entraîne une réallocation de capital différente. » - Marc-André Nantais

« Quand on tient compte des difficultés de l’accès à la propriété, on se doit de gérer le patrimoine d’un point de vue multigénérationnel. Lorsque les grands-parents aident leurs enfants en versant une mise de fonds pour la première propriété de leurs petits-enfants, c’est un actif financier qui n’est pas liquide. Il faut tenir compte de ces transactions sur les rentes des grands-parents. Si la planification est réalisée adéquatement, c’est souvent fiscalement avantageux d’effectuer un don de son vivant. »