Investissements | Otéra Capital voit grand

 

22 mai 2023


Depuis l’arrivée de Rana Ghorayeb à la tête d’Otéra Capital, le portefeuille du groupe a augmenté de 43 %. Nommée présidente et cheffe de la direction d’Otéra Capital en mai 2019, au moment où la filiale de crédit immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) traversait une période mouvementée, Rana Ghorayeb s’est rapidement démarquée pour transformer la culture de l’entreprise et faire place à la diversité.

EMILIE LAPERRIÈRE


© Benedicte Brocard

« Un PDG doit avoir tous les atouts, il doit avoir la vision et les réflexes. C’est le capitaine du navire », souligne la dirigeante. La patronne d’Otéra doit ce mandat à une feuille de route multidisciplinaire : « J’ai été très chanceuse d’être entourée de gens qui m’ont guidée dans ma carrière. » Son passage à la CDPQ comme vice-présidente principale des investissements en infrastructures a également été déterminant. « J’ai appris à naviguer dans des situations complexes. On a doublé la taille du portefeuille, on a poussé dans des marchés en croissance, on est passé d’un à huit bureaux. »


Un parcours taillé sur mesure

Femme d’immobilier, Rana Ghorayeb compare son ascension à celle d’un édifice : « Mes fondations étaient solides. Il n’y avait rien qui bougeait pendant la construction de mon immeuble personnel. » Baccalauréat en urbanisme, maîtrise en génie, gestion de la construction de l’Université Concordia et maîtrise en finance de l’Université de New York : ce bagage universitaire solide lui sert encore aujourd’hui : « Ça m’a aidée dans toute ma carrière. L’urbanisme me donne une vision macro de la ville, des enjeux socioéconomiques et politiques, mais c’est le citoyen qui prime », explique-t-elle. Le génie apporte un côté technique du bâtiment à la vision de cette dirigeante au profil scientifique qui sait analyser les fondations, les murs, le système de ventilation ou toutes les spécificités d’un immeuble : « Je comprenais le contexte et comment l’immeuble se positionnait dans ce contexte, mais il me manquait un élément pour pouvoir changer les choses. La finance m’a permis d’avoir une influence positive sur la vie des gens », estime Rana Ghorayeb.

 

« À New York, j’ai appris à structurer les transactions de façon très sophistiquée.

À négocier, aussi. »

– Rana Ghorayeb

 

« L’immobilier commercial doit être plus dense et plus mixte. »

– Rana Ghorayeb


Avec ce troisième diplôme universitaire en poche, Rana Ghorayeb s’installe à New York, « le centre immobilier du monde », où elle devient associée en investissement immobilier au fonds de pension américain TIAA-CREF, le plus important dans le milieu de l’éducation aux États-Unis : « New York est un environnement spécial qui m’a appris à structurer les transactions de façon très sophistiquée. À négocier, aussi. Les Américains prennent tous les détails en compte, même les virgules. » Après 10 ans à l’étranger, Rana Ghorayeb rentre au Québec pour y élever son enfant.


Un secteur en mouvement

La pandémie a affecté les centres commerciaux, dont la vocation doit être repensée. La conversion de bureaux pourrait aussi apporter une solution à la crise du logement. Sans pouvoir donner de détails, la PDG confie qu’Otéra Capital est actuellement engagé dans un projet de ce type à Montréal. « L’immobilier est en train d’évoluer avec les besoins de la société. À titre d’exemple, les bureaux aujourd’hui offrent une expérience complète. L’industriel a complètement changé. Ce n’était qu’une des classes d’actifs quand j’ai commencé. Maintenant, c’est devenu fondamental, au centre de la consommation. Le commer-cial doit être plus dense et plus mixte. »


L’importance des critères ESG (environnement, société et gouvernance) bouscule également le secteur. « Les risques climatiques sont désormais incorporés dans nos façons de faire et dans la manière de construire ». L’équité, la diversité et l’inclusion sont des valeurs essentielles pour Rana Ghorayeb, qui se réjouit que les décideurs en fassent maintenant une priorité. « On voit les effets de cette évolution. C’est en train de briser les barrières. » Le conseil d’administration d’Otéra Capital se compose de quatre femmes et de cinq hommes. Et au comité de direction, les femmes sont majoritaires.

« En arrivant, mon objectif était de m’assurer que les 167 employés soient heureux et fiers de travailler ici. S’ils donnent leur maximum, le rendement des Québécois va être optimisé. »

– Rana Ghorayeb

Une culture de travail

Otéra Capital a aussi subi des transformations considérables sous la gouverne de sa nouvelle présidente. « Quand je suis arrivée, le portefeuille était principalement canadien. Depuis, il s’est diversifié et a grandi. La proportion américaine a augmenté de 5 à 25 %. On a aussi ouvert un bureau à New York l’an dernier. » Rana Ghorayeb s’entoure d’une équipe solide qui l’amène à voir beaucoup plus grand. Elle veut que ses collègues déploient leur potentiel. « En arrivant, mon objectif était de m’assurer que les 167 employés soient heureux et fiers de travailler ici. S’ils donnent leur maximum, le rendement des Québécois va être optimisé », explique-t-elle. Le Québec occupe une place importante dans la vision d’Otéra, qui entend déployer une stratégie spécifique dans la province. Et au-delà : « Je pense que le Québec a une chance de bien se positionner dans le monde, de devenir un exemple. »

 

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