Rachel Julien - La métropole change, le savoir faire demeure
Mise à jour le 21 juin 2025 - C’est en accompagnant son père, laitier, lors des tournées de livraison de lait à travers les rues de Montréal que Denis Robitaille, l'oncle et partenaire financier de Mélanie, a découvert son amour profond pour Montréal et la diversité. À travers les années, l’entreprise a participé à 11 appels de propositions de la Ville de Montréal et de Société immobilière du Canada, en remportant sept de ceux-ci.
« Je suis une fervente amatrice de l’accession
à la propriété le plus rapidement possible et
je pense que c’est ce que l’on veut pour les Montréalais ; on veut des Montréalais propriétaires de leur ville. Notre priorité, c’est l’abordabilité et l’accession à la propriété. » - Mélanie Robitaille
Une conviction personnelle
Issue d’un milieu modeste, Mélanie Robitaille connaît le pouvoir transformateur d’un premier achat immobilier. « J’ai acheté mon premier condo en bénéficiant de programmes publics. Cela a changé ma vie. Aujourd’hui, je veux que d’autres puissent vivre ça. » Comme promoteur immobilier, Rachel Julien s’assure que les acheteurs soient informés des aides disponibles.
« On prend le temps de leur expliquer les programmes, le RAP, les subventions. Même un petit logement peut devenir un levier économique incroyable », dit-elle en se désolant de la réalité actuelle alors que les ventes de condos stagnent. « Ce n’est pas faute d’intérêt, mais parce que les jeunes n’ont plus les moyens d'acheter ni de louer. L’abordabilité, c’est ça, la vraie crise. » Si Rachel Julien s’est toujours concentrée sur Montréal, Mélanie Robitaille reconnaît que développer dans la métropole est devenu de plus en plus difficile. « Les délais pour l’émission des permis, les changements de zonage et les consultations avec les riverains ralentissent considérablement les projets », déplore-t-elle. En tant qu’actuaire, elle considère nécessaire de diversifier les risques.
« Nous explorons des projets en périphérie, car les conditions économiques et administratives y sont plus favorables. Mais cela ne signifie pas un désengagement de Montréal. » Tous les projets actuellement en chantier ou en préparation sont encore situés sur l’île, principalement dans Hochelaga-Maisonneuve et Côte- des-Neiges.
Avec 35 employés aujourd’hui, bientôt 45 avec les projets en développement, Rachel Julien reste une PME agile. La gestion immobilière prend de l’ampleur, avec bientôt 700 unités sous administration. Et l’avenir ? « J’aimerais ramener l’équilibre entre location et achat. En ce moment, on est environ à 90 % locatif. Il faut remettre l’accession à la propriété sur la table. » Mélanie Robitaille souhaite que Rachel Julien devienne un acteur de changement dans cette crise de l’abordabilité. « Cela passe par des démarches politiques, mais aussi par des actions concrètes : mieux accompagner les acheteurs et développer des solutions innovantes au sein même de l’entreprise ».
Quinze ans après son arrivée chez Rachel Julien, promoteur immobilier bien établi dans le paysage montréalais, Mélanie Robitaille en prend officiellement la tête. À la barre de l’entreprise familiale, elle imprime déjà sa marque : projets à vocation sociale, conscience pour l’accessibilité, gestion serrée des risques. Une transition discrète, mais résolument assumée. Mélanie Robitaille ne s’imaginait pas faire carrière dans l’immobilier et la construction. Formée en actuariat, elle fait ses débuts dans la finance, avant de se joindre à Rachel Julien en 2009. « C’est mon oncle, Denis Robitaille, qui m’a tendu la main, à un moment où il cherchait éventuellement à se retirer.
« Ce n’est pas faute d’intérêt, mais parce que les jeunes n’ont plus les moyens d’acheter ni de louer. L’abordabilité, c’est ça, la vraie crise.
J’étais en congé de maternité, j’ai dit oui, et je ne suis jamais repartie », raconte-t-elle. Elle a commencé par gérer l’administration, avant de prendre les finances, le financement, puis le développement : « j’ai touché à tout : vente, construction, marketing... C’est ce qui me donne aujourd’hui une vue d’ensemble de l’entreprise.
La passation à la relève a officiellement été confirmée à l’automne 2024, lors du 30e anniversaire de l’entreprise, mais cela fait des années que la transition s’opère en coulisses. Mélanie Robitaille est actionnaire minoritaire depuis plus de dix ans. Aujourd’hui, bien qu’elle s’approche de la pleine propriété, elle souhaite garder Denis Robitaille comme partenaire financier. « Son expérience des récessions et des périodes économiques complexes lui donne un regard précieux pour la prisede décision, souligne-t-elle. C’est à la fois un mariage financier et un mariage de raison. »
Un modèle d’affaires unique
Rachel Julien s’est financée exclusivement par des institutions financières traditionnelles, conservant ainsi son indépendance et sa rapidité décisionnelle. « Le capital de l’entreprise a été bâti patiemment, projet par projet », précise-t-elle. Autre particularité : le promoteur gère ses propres immeubles, de la première pelletée de terre à la location. « On pense nos bâtiments comme s’ils allaient rester dans la famille pendant des générations », explique Mélanie Robitaille. Résultat : construction plus robuste, meilleure performance énergétique et projets adaptés à la réalité montréalaise.
Canoë, dans Mercier-Hochelaga, c’est 950 unités, des condos, des logements abordables et sociaux, une coopérative, une épicerie, un centre de la petite enfance, un parc... tout y est. « C’est l’illustration parfaite de ce qu’on veut faire : un milieu de vie, pour toutes les familles, avec des services à proximité. » Les premières unités seront livrées cet été. Ce chantier lancé pour souligner les 30 ans de l’entreprise marque aussi une nouvelle étape dans son positionnement.