Rendement | Des placements qui rapportent
17 septembre 2024
C’est bien connu, les femmes entrepreneures se distinguent généralement mieux que les hommes, estime la Banque mondiale. En augmentant jusqu’à 30 % le nombre de dirigeantes, on hausse la profitabilité de 15 %, selon la Harvard Business Review. Et le Boston Consulting Group a révélé qu’une entreprise fondée par une femme génère un rendement deux fois plus élevé par dollar investi qu’une autre, fondée par un homme.
Stéphane Desjardins
Le rendement moyen d’une entreprise dirigée par une femme à la Bourse de Toronto fut de 69 % en 2020 (comparativement à 19 % pour l’indice S&P/TSX composé). Chaque fois qu’une femme prend la tête d’une boursière canadienne, le titre connaît une poussée de 20 % dans les 24 mois subséquents. Avant de placer le capital, on se renseigne. Selon le magazine Fortune, 10,4 % des compagnies composant le Fortune 500 sont dirigées par des femmes.
Alors qu’un entrepreneur sur trois est une femme à l’échelle mondiale, selon le Global Entrepreneurship Monitor, seulement 5 % des entreprises publiques mondiales ont une femme comme cheffe de la direction. Comment s’y prendre alors pour investir dans leurs entreprises ? On peut les chercher soi-même, mais c’est assez ardu, car il n’existe aucune liste pour la Bourse canadienne. Wikipédia a sa propre liste pour le Fortune 500 : en haut de la liste, Karen S. Lynch est à la tête du géant de la pharmacie CVS Health, suivie de Roz Brewer (Walgreens Boots Alliance), Gail K. Boudreaux (Elevance Health) et Mary Barra (General Motors).
UPS, Fannie Mae, Citigroup, Best Buy, Oracle, General Dynamics, Rite Aid, Otis, Hershey, Foot Locker, Bed Bath & Beyond… ont aussi choisi une femme à la haute direction. Au Canada, seulement 10,9 % des plus importantes sociétés publiques (soit 47 femmes contre 466 hommes) sont dirigées par des femmes selon Rosenzweig & Company. Cette analyse coïncide avec les résultats obtenus par la compilation des déclarations de divulgation proactive publiée par le cabinet Osler chaque année.
Le rendement moyen d’une entreprise dirigée par une femme à la Bourse de Toronto fut de 69 % en 2020 (comparativement à 19 % pour l’indice S&P/TSX composé).
Chaque fois qu’une femme prend la tête d’une boursière canadienne, le titre connaît une poussée de 20 % dans les 24 mois subséquents.
Madeleine Paquin vient de choisir de prendre une année sabbatique après avoir assuré la direction de Logistec pendant 28 ans. Meghan Roach a repris les rennes de Roots pour étendre les racines de l’enseigne. Marie-Berthe Des Groseillers est maintenant à la tête de Tanguay (anciennement Brault & Martineau - BMTC). Ce n’est pas tout. Au Canada, la grande majorité des sociétés boursières présidées par une femme sont des minières. Notons, que Thérapeutique Knight compte trois femmes chez ses quatre principaux dirigeants, dont Samira Sakhia comme cheffe de la direction.
Comment s’y retrouver et comment composer son porte-feuille ? « Si vous n’êtes pas un investisseur aguerri, vous pouvez choisir une demi-douzaine de produits financiers spécialisés en leadership féminin et en diversité, comme le fonds Desjardins SociéTerre, explique Deborah Debas, spécialiste principale en investissement responsable chez Desjardins Gestion de patrimoine. Ces fonds visent une représentativité féminine à la direction et au comité exécutif. » Ainsi, le fonds SociéTerre Diversifié a investi dans des compagnies qui ont 35 % de représentation féminine au conseil d’administration et 52 % au comité de direction, davantage que l’indice de référence MCSI Monde Tous pays. La pondération est de 54,13 % d’actions américaines, 41,10 % d’actions internationales et 1,78 % d’actions canadiennes. Le rendement depuis sa création en 2020 est de 8,87 % et de 10,58 % pour l’année se terminant en juin.
Si ces fonds sont peu nombreux, ils traduisent néanmoins une réalité sociale et économique évidente : « Au quotidien, les femmes prennent 80 % des décisions d’achat et sont responsables de 70 % des décisions des ménages, avance la spécialiste. Nos études le confirment : à long terme, plus vous encouragez la diversité à la tête des entreprises, plus la rentabilité augmente, meilleurs sont les rendements sur la trésorerie, le capital investi et la marge bénéficiaire. »
Desjardins investit dans des entreprises qui ont plus de 30 % de femmes au conseil d’administration, et plus de 15 % au comité de direction, mais pas nécessairement une femme comme cheffe de la direction. « On ne parle pas encore d’égalité », souligne Deborah Debas, qui ajoute qu’environ 200 compagnies publiques dans le monde répondent à ces critères. Certains fonds indiciels américains misent sur des sociétés gérées majoritairement par des femmes, comme SHE (SPDR SSGA Gender Diversity Index), WOMN (Impact Share YMCA Women’s Empowerment), WCEO (Hypathia Women CEO), EQUL (IQ Engender Equality), FDWM (Fide-lity Women’s Leadership), WIL (Barclays Women in Lea-dership). De cette liste, seul WCEO investit spécifiquement dans des sociétés ayant une femme cheffe de la direction.