À la CAQ, les jeunes planchent sur l’avenir du Québec

 

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Les réseaux sociaux occupent une place préoccupante dans la vie des jeunes. Dans une lettre ouverte publiée au mois de mai dernier, Aurélie Diep, présidente de l’aile jeunesse de la CAQ, affirme faire partie de la génération cobaye. On le réalise de plus en plus, les réseaux sociaux sont un couteau à double tranchant : alors qu’ils offrent une fenêtre sur le monde et peuvent être des outils éducatifs pertinents, ils comportent également plusieurs risques liés à la sécurité et à la santé mentale, principalement celles des filles et des préadolescents de 11 et 15 ans. « Les parents et le personnel éducatif ont un grand rôle à jouer. Ils doivent se positionner en police de la technologie. » Brigitte Legault, directrice générale de la Coalition avenir Québec (CAQ) donne son avis sur la majorité numérique.

Elizabeth Cordeau Rancourt

« Il y a longtemps que la question des réseaux sociaux est sur la table de l’aile jeunesse de la CAQ. En 2019, lors de l’événement Horizon 20-50, la Commission de la relève de la CAQ avait présenté des résolutions sur les effets des écrans. » Cette fois-ci, c’est une proposition concrète que fait l’aile jeunesse : légiférer sur l’utilisation des réseaux sociaux en fixant la majorité numérique à 16 ans. L’Assemblée nationale a adopté une motion en juin dernier dans le but de créer une commission transpartisane sur les répercussions des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes. C’est lors de cette commission spéciale que l’aile jeunesse va présenter ses recommandations qui visent également l’encadrement de l’utilisation des écrans dans les écoles ainsi que le droit à l’image – ce dernier étant particulièrement important quand on sait que même les interventions des autorités policières se soldent souvent par un échec lorsqu’il est question de faire retirer une image des réseaux sociaux.

SE DISCIPLINER

Il y a plusieurs effets collatéraux à l’utilisation des réseaux sociaux : troubles du sommeil, stimulation excessive, problèmes de santé mentale, diminution de l’estime de soi... De plus en plus de données tangibles circulent à ce sujet et les gens prennent davantage conscience des dangers réels. Il s’agit d’un pas dans la bonne direction puisque cela permet de construire un argumentaire solide pour appuyer la majorité numérique. Quand la commission va siéger, le sujet va faire encore plus de bruit dans l’espace public. Force est d’admettre que les gros joueurs ne se disciplineront pas s’ils ne sont pas poussés à le faire. « Si les gens se concertent et demandent plus d’encadrement à cause des effets nocifs, il va falloir que les plateformes agissent, ce qui n’est actuellement pas le cas. Les nouvelles plateformes ont tendance à offrir un meilleur service client, mais il est en général assez difficile de discuter avec les géants de l’Internet. »

Il n’y a pas si longtemps, les jeunes étaient exposés aux bulletins de nouvelles télévisuels et aux journaux papier. Or, l’information se consomme maintenant de façon individuelle, sur nos écrans personnels.

REJOINDRE LES JEUNES

Il n’y a pas si longtemps, les jeunes étaient exposés aux bulletins de nouvelles télévisuels et aux journaux papier. Or, l’information se consomme maintenant de façon individuelle, sur nos écrans personnels. Si 80 % de notre temps d’écran était consacré à la télévision et 20 % au cellulaire il y a quelques années, le ratio est aujourd’hui inversé. Dans ce cas, comment faire en sorte que les jeunes soient tout de même en contact avec l’actualité avant 16 ans si la majorité numérique entre en vigueur ? Qui plus est, comment s’assurer qu’une fois en contact avec les réseaux sociaux, ils les utiliseront adéquatement, maintenant qu’ils sont devenus des outils d’informations très puissants ? Plusieurs les privilégient même aux sources de renseignements officielles ; d’ailleurs, le premier site de consultation d’un jeune de 16 ans est TikTok. La désinformation est ainsi devenue un problème majeur. « Les parents et le personnel éducatif ont un grand rôle à jouer : ils devront se positionner en police de la technologie et devenir en quelque sorte les responsables de la conscientisation. Ce sera à eux de réglementer l’accès aux réseaux sociaux et aux outils technologiques. »

Il y aura fort probablement des questions à se poser. Puisqu’il est impossible de légiférer au rythme où la technologie se développe, il faudra au moins offrir de la formation au corps enseignant et outiller les parents pour qu’ils puissent aider les jeunes à tirer le meilleur des réseaux sociaux, lesquels peuvent certes être un lieu toxique, mais s’ils sont bien uti-lisés, ils peuvent aussi devenir un espace dans lequel il est possible d’apprendre sur une panoplie de sujets, de créer des communautés et de côtoyer la diversité de tout genre comme nulle part ailleurs. À cet effet, la législation et la conscientisation doivent impérativement coexister.