Christine Fréchette, une super ministre pour le Québec
© Sonia Guertin
6 mars 2025
Depuis le 5 septembre 2024, Christine Fréchette est ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. Elle est aussi ministre responsable du Développement économique régional, ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal. Des breffages, des rencontres dans la circonscription, des semaines chargées à l’Assemblée nationale et des apparitions publiques nécessaires : selon l’expression consacrée, la députée de Sanguinet a un agenda de ministre. C’est un euphémisme.
Ne lui demandez surtout pas si on l’a nommée super-ministre de l’Économie et de l’Énergie parce que ça fait bien de nommer une femme quand ça va mal. « On n’était pas dans cette situation. Si les enjeux autour de Northvolt attirent l’attention médiatique, la filière batterie mise sur pied par mon prédécesseur se porte bien, avance la ministre. Ça prend son envol. C’est même mieux que ce à quoi je m’attendais. Il y a une vingtaine d’entreprises déjà actives dans le domaine. Je suis allée à Bécancour il y a quelques jours, c’est fabuleux de voir tout ça. » On doit admettre que, il y a seulement quelques années, le parc industriel de Bécancour, le plus grand au pays, était presque désert, à part les activités d’une entreprise de cannabis. « C’est sûr que, comme secteur d’avenir, on peut faire mieux. Avec l’énergie, nous avons misé sur un axe porteur qui crée des emplois et, surtout, qui va orienter le devenir économique du Québec. »
GRANDE NOUVELLE
Dès l’annonce de la démission de Pierre Fitzgibbon, Christine Fréchette a eu un pressentiment. « J’ai eu le sentiment qu’il y avait des chances que je puisse avoir une partie des responsabilités de Pierre », confie celle qui a travaillé chez Montréal international et dirigé la Chambre de Commerce de l’est de Montréal. Le bureau du premier ministre l’a convoquée à peine une heure après la sortie de la nouvelle dans les médias. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est ce que lui annoncerait François Legault. « Ça a été pour moi la surprise quand le premier ministre m’a dit : “J’aimerais ça que tu reprennes l’entièreté des responsabilités de Pierre”. J’ai embarqué sans hésiter. Mais je ne m’attendais pas à ça. » Heureusement, son assermentation prévue le soir même a été reportée d’une journée. Son époux a eu le temps de se rendre à Québec, et elle a pu bénéficier de 36 heures avant de passer à la prochaine étape.
Le reste peut se qualifier comme un véritable feu roulant, en commençant par les consultations sur le projet de loi 69. « On me disait : “Comment tu vas faire ?” En réalité, ces consultations se sont avérées essentielles pour analyser les réalités de l’écosystème », explique celle que plusieurs décrivent comme une première de classe. Car la ministre Fréchette est une femme réfléchie : « J’aime connaître mes dossiers, les maîtriser, alors je mets les bouchées doubles. Et les fonctionnaires sont là avec moi, les samedis, les dimanches. On avance. »
VIRAGE ÉNERGÉTIQUE
Entre Northvolt, les projets controversés, comme celui de Hy2gen, et le débat entourant l’attribution de blocs d’énergie à des entreprises étrangères, les projets ne font pas consensus. Alors, il faut maintenir le cap. « C’est majeur ce qui est en train de se passer. On a réussi à se positionner et à attirer des gros joueurs. Ce qui me surprend, c’est le déséquilibre entre l’attention portée à Northvolt par rapport aux 19 autres joueurs de la filière batterie qui maintiennent l’activité. » Ugo Work, Ambulance Demers, Nouveau Monde Graphite : l’énergie est au coeur de l’avenir économique du Québec. « Il fallait se positionner très rapidement dans le secteur des batteries. C’était une course contre la montre, il y a 2 ans. Tout le monde essayait de se positionner, nous devions agir. » Force est de constater que le défi de la transition énergétique s’impose pour tous. « On doit négocier ce virage, mettre à jour la mission d’Hydro-Québec et celle de la Régie pour que se reflètent les objectifs de transition énergétique. » Un défi de taille, car la dernière modernisation du cadre énergétique du Québec remonte à 25 ans.
Photographe : Sonia Guertin
Mise en beauté : Hervé Rigoni et Yohana Wagner
Stylisme : Julie Boileau
Les photos ont été prises au Salon Art Club dans la galerie de Sonia Dubois à Montréal. L’exposition « Scènes de ménage » de l’artiste Martine Bertrand y est présentée.