ORDRE DES CPA DU QUÉBEC : Geneviève Mottard a des ambitions pour la profession

 

© Sonia Guertin

6 mars 2025

Geneviève Mottard est la première femme à occuper le poste de présidente et cheffe de la direction de l’Ordre des CPA du Québec. En poste depuis 2016, son leadership novateur et empathique fait rayonner la profession. Car le changement sociétal est au coeur du rôle de la profession.

Qu’est-ce qui a marqué votre arrivée à l’Ordre des CPA ?

Quand je suis entrée en poste, ma mission consistait, entre autres, à donner de la visibilité à l’organisation et à la positionner face aux débats de société. Il fallait trouver la bonne porte d’entrée pour que nos interventions soient crédibles et pertinentes. Le projet de loi sur la maltraitance des personnes aînées constitue un bon exemple. Lorsque la ministre Charbonneau a présenté le contenu de celui-ci, en 2017, on n’y faisait pas mention de la maltraitance financière. J’ai saisi l’occasion et je me suis présentée en commission parlementaire. J’étais entourée de professionnels du domaine de la santé, bien intrigués de me voir assise à cette table. J’ai pris la parole et j’ai vu le visage des gens changer : ils réalisaient que l’aspect de la maltraitance financière avait, en effet, été complètement occulté. Cette première prise de position sur des enjeux de société nous a permis de nous positionner et a généré des résultats représentatifs de notre mission, qui consiste à protéger le public. Depuis, nous continuons de nous exprimer sur divers sujets ayant le potentiel de faire avancer la société. Tout le monde fera affaire avec un comptable professionnel agréé au cours de sa vie ; nos membres sont présents dans tous les secteurs d’activités, alors notre pouvoir d’impact se manifeste souvent là où on l’attend le moins.


Que diriez-vous de la place du leadership féminin dans votre profession ?

Malgré l’augmentation du nombre de femmes, tant dans le milieu de la finance que chez les comptables professionnels agréés, on trouve encore très peu de femmes en position de leadership. Je pense que le double standard qui nous est imposé fait partie des raisons qui expliquent ce phénomène. Nous sommes non seulement soumises à un double standard quant à notre apparence physique, mais aussi en ce qui a trait à nos pratiques de gestion. Quand nous prenons notre place et que nous tenons notre bout, on nous reproche notre intensité, alors qu’on perçoit plutôt positivement ces mêmes comportements chez les hommes. Pour moi, le double standard, ce n’est pas simplement un obstacle, c’est d’abord et avant tout une réalité avec laquelle il faut composer, tout comme celle de la conciliation famille-travail. C’est faux de penser que les tâches sont désormais équitablement réparties pour tout le monde : plusieurs femmes assument toujours la plus grande part des responsabilités familiales.


À cet effet, pensez-vous que le fait que ce soit une femme qui dirige l’Ordre a des effets concrets sur le terrain ?

Absolument. À l’Ordre des CPA, 80 % du personnel se compose de femmes. Nous avons mis en place plusieurs mesures pour améliorer la vie familiale et la vie au travail, et la discussion demeure vivante pour suivre les besoins. Cela fait partie de notre ADN : les mesures ne s’expriment pas uniquement sur papier, elles se vivent au quotidien. Tout le personnel est encouragé à profiter des dispositions mises en place pour améliorer leur qualité de vie. Nous avons obtenu le sceau Concilivi et notre pointage d’employeur remarquable augmente d’année en année. Dans le système professionnel québécois, l’Ordre est désormais reconnu comme un leader en matière de pratiques de gestion et de politiques internes, ce qui me rend très fière.


Quels sont les prochains projets à l’étude ?

La priorité de l’Ordre demeure la protection du public. En écho à notre mission, les dossiers liés entre autres à l’éducation financière et aux balises d’utilisation de l’intelligence artificielle par les CPA occupent actuellement nos discussions. Les enjeux ESG prennent également une place centrale dans nos actions. À cet effet, nous avons pris 16 engagements et nous diffuserons les résultats de ceux-ci à l’automne 2025 dans notre premier bilan ESG. Nous continuons de collaborer pour trouver des solutions à la pénurie de main d’œuvre en valorisant la profession auprès de la relève. Le métier de CPA est le plus intégré mondialement, et les occasions de faire une différence dans la société sont concrètes.