La nouvelle mission de Kathy Baig
17 septembre 2024
Au fil de sa carrière, Kathy Baig, la nouvelle directrice générale de l’École de technologie supérieure (ÉTS), a transformé chaque occasion en tremplin vers de nouveaux horizons. Le parcours de cette diplômée en génie chimique est aussi diversifié que bien rempli. Elle a occupé des postes clés au sein de grandes organisations comme IBM, Johnson & Johnson, PyroGenesis – où elle avait comme principal client la US Navy – et Aéroports de Montréal.
Sylvie Lemieux
Le passage de Kathy Baig à l’Ordre des Ingénieurs du Québec entre 2016 et 2022 a été remarqué. Durant son mandat, les efforts de communication ont porté fruit et contribué à améliorer la confiance du public envers la profession, dont l’image avait été entachée à la suite de la Commission Charbonneau.
« J’avais l’impression que des études supérieures en génie allaient m’ouvrir des portes. » - Kathy Baig
Plus récemment, cette diplômée de HEC Montréal a été présidente d’Ingénieurs Canada, l’organisme qui réglemente la pratique du génie au pays, et a ensuite fait partie de la haute direction de la firme de génie-conseil Stantec. Impressionnant pour une femme qui a entrepris des études en génie sans idée précise de ce que faisait un ingénieur. « J’avais l’impression que des études supérieures en génie allaient m’ouvrir des portes », avance avec raison la dirigeante.
INNOVATION SOCIALE : LE GÉNIE DE L’ÉTS SE DÉPLOIE À TRAVERS LE RÉSEAU DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC.
Ces dernières années, l’ÉTS a investi plusieurs nouveaux champs de recherche avec notamment AdapT, l’Institut de recherche sur les infrastructures résilientes et circulaires, ou le Laboratoire d’innovation ouverte en technologies de la santé (LIO-ÉTS). « On a aussi reçu un financement de 5 millions de dollars pour la création d’un centre d’excellence en sciences quantiques où nos chercheurs pourront mener des projets de recherche avec des partenaires industriels », explique Kathy Baig. L’ÉTS participe également au développement d’Ax-C, un espace qui réunira plusieurs acteurs de l’écosystème d’innovation et d’entrepreneuriat technologique visant à encourager les jeunes pousses. Tous ces projets sont essentiels pour préparer les étudiants à être non seulement des ingénieurs compétents, mais aussi des innovateurs conscients des défis sociaux et environnementaux actuels, estime Kathy Baig.
Avec le niveau de diplomation des femmes en croissance à l’échelle du Québec, cette augmentation se reflète aussi dans une proportion de femmes en génie qui serait passée de 4 % à 15 % en 30 ans, selon les chiffres de l’Ordre des ingénieurs du Québec.
Kathy Baig entend démystifier la profession aux yeux de la relève et de celles qui seraient intéressées par un cursus à l’École. « Les gens associent souvent le génie aux ponts, aux routes et aux bâtiments, mais en réalité les ingénieurs sont partout. Quand j’ai travaillé pour Johnson & Johnson, c’était pour la conception de serviettes hygiéniques », donne-t-elle en exemple.
Pour surmonter ces défis, Kathy Baig appelle à une meil-leure connaissance de la profession et à une plus grande visibilité des ingénieures. Elle insiste sur l’importance de l’éducation et du rôle des parents dans l’orientation des jeunes filles vers les sciences et l’ingénierie. Des efforts essentiels pour que plus de femmes envisagent le génie non seulement comme une possibilité, mais comme une voie enrichissante et accessible.
« Il y a des amis qui s’étonnaient que ce soit ma belle-mère qui vienne plier mon linge ou passer la balayeuse, avoue-t-elle. Bien s’entourer et avoir un partenaire qui supporte nos ambitions, ça peut faire une différence. » - Kathy Baig
DES CIBLES QUI BOUGENT
Mère de deux jeunes adolescents, Kathy Baig est confrontée au quotidien à la difficile conciliation entre une carrière exigeante et une vie familiale épanouissante. « J’ai cherché la recette miracle, mais je ne l’ai pas trouvée », admet-elle en riant. Pour passer à travers, elle insiste sur l’importance d’accepter l’imperfection et de savoir déléguer. « Il y a des amis qui s’étonnaient que ce soit ma belle-mère qui vienne plier mon linge ou passer la balayeuse, avoue-t-elle. Bien s’en-tourer et avoir un partenaire qui supporte nos ambitions, ça peut faire une différence. »
Au fil des années, elle a compris que l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle est une cible mouvante, nécessitant une constante réévaluation. « Au début, je me disais que mes enfants seraient contents d’avoir une mère qui s’épanouit professionnellement, même si cela voulait dire être moins présente. Un jour, cet argumentaire n’a plus eu assez de poids dans la balance. Je l’ai réalisé quand j’ai ouvert la boîte à lunch de mes enfants et que je ne savais plus s’ils aimaient le jus de raisin ou le jus de pomme. Ça ne rejoignait plus mes valeurs comme mère. Il faut donc ajuster ses priorités en fonction des besoins changeants de sa famille. »
Quant à la politique, bien que Kathy Baig ait été approchée par plusieurs partis après son mandat à l’Ordre des ingénieurs du Québec, elle a choisi de ne pas investir dans cette voie pour l’instant, principalement pour maintenir son engagement envers sa famille. Cependant, elle n’en écarte pas complètement l’idée, notant que la vie lui a souvent présenté des occasions imprévues, qu’elle a su saisir au moment opportun.