Les bons pronostics de Florence Dubé-Moreau

 

© Sonia Guertin

6 mars 2025

Dix ans à observer les coulisses de la NFL pendant la carrière de Laurent Duvernay-Tardif ont inspiré Florence Dubé-Moreau à écrire Hors jeu, un essai percutant sur la place des femmes dans le sport professionnel. Cet automne, son livre a remporté le Prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie Essais. Nous avons passé une matinée avec elle aux bureaux de Premières en affaires.

Votre essai donne un nouveau regard sur le sport professionnel. Que feriez-vous si vous aviez le pouvoir de Taylor Swift ?

Taylor Swift, c’est le coup marketing le plus lucratif de la NFL. Mais c’est tellement révélateur, en même temps. Pourquoi les filles ont-elles commencé à s’intéresser au football ? Parce qu’elles pouvaient se voir à la télévision et voir des filles qui s’amusent entre elles en regardant du sport. Ces images sont encore rares avec seulement 4 % à 6 % du temps d’antenne alloué aux sports féminins. Sans ces images, il est difficile d’inciter des femmes et des filles à s’intéresser à ces sports et à les pratiquer. Taylor Swift, c’est le phénomène qui déferle sur le sport féminin en ce moment. Avant elle, pourtant, il y avait déjà 40 % des fans de la NFL qui étaient des femmes, mais la NFL ne s’y intéressait pas. Taylor Swift a montré à quel point ce public compte.


Les ligues féminines professionnelles ont le vent dans les voiles : est-ce le début d’un mouvement ?

Absolument. Les ligues féminines deviennent inspirantes. Les organisations comme la Ligue professionnelle de hockey féminin et la Super Ligue du Nord dans le monde du soccer sont en train d’amplifier l’engagement ; elles multiplient les façons de construire et de renouveler les « fan clubs ». La Ligue professionnelle de hockey féminin, par exemple, déploie tout un discours sur la place des femmes, sur la communauté LGBTQ+, sur le rôle des familles : des discours d’inclusion et de célébration tellement importants.

Les ligues féminines ont le vent dans les voiles. Il y a tout un potentiel pour mobiliser de nouveaux auditoires.

Absolument. Les ligues féminines deviennent inspirantes. Les organisations comme la Ligue professionnelle de hockey féminin et la Super Ligue du Nord dans le monde du soccer sont en train d’amplifier l’engagement ; elles multiplient les façons de construire et de renouveler les « fan clubs ». La Ligue professionnelle de hockey féminin, par exemple, déploie tout un discours sur la place des femmes, sur la communauté LGBTQ+, sur le rôle des familles : des discours d’inclusion et de célébration tellement importants.

Vous présidez la Fondation Laurent Duvernay-Tardif avec Laurent. Est-ce un rêve qui part de votre propre expérience ?

L’idée nous est venue à Laurent et à moi, en réfléchissant à nos propres parcours. On voulait donner la chance qu’on avait eue, celle d’avoir des parents qui nous avaient initiés aux arts et aux sports. C’est pour ça qu’on offre des activités artistiques et sportives gratuites pour les enfants de 6 à 12 ans dans les écoles défavorisées. Bien sûr, nous espérons contribuer à leur réussite scolaire, mais notre objectif principal est d’éveiller leur curiosité et de leur faire découvrir des expériences où ils peuvent briller. Une des plus grandes victoires du projet c’est quand, à la fin de la session, il y a un « switch ». Quand des filles ont développé une habileté en flag football et qu’elles ont envie de continuer. Quand des garçons sont fiers de leurs aptitudes et de leurs talents artistiques. Ces petites étincelles sont extrêmement précieuses dans le parcours d’un jeune. La Fondation les accompagne dans cet épanouissement au-delà des notes, ou de la performance scolaire.

« Taylor Swift, c’est le coup marketing le plus lucratif de la NFL .»


Votre livre vient de remporter le Prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie Essais. De quoi vous sentez-vous la plus fière ?

Je suis heureuse que le livre puisse rayonner à l’heure actuelle et contribuer à un éveil des consciences. Beaucoup de femmes sont venues me voir pour me dire qu’elles ont vu des choses dans lesquelles elles se sont reconnues, même à l’extérieur du milieu sportif, comme dans le monde des affaires ou à l’armée. Certaines discriminations nous dépassent, elles sont structurelles, et le travail de changement repose sur les épaules des femmes. On va gagner davantage de terrain quand les hommes vont avoir envie de rendre le sport plus égalitaire.

L’idée nous est venue à Laurent et à moi, en réfléchissant à nos propres parcours. On voulait donner la chance qu’on avait eue, celle d’avoir des parents qui nous avaient initiés aux arts et aux sports.

Photographe : Sonia Guertin

Mise en beauté : Isabelle Brassard, Gaëlle Le Cunff

Florence-Agathe Dubé-Moreau est repésentée par Mo'Fat Management inc.